Partir ou rester? Voilà la question qui hantait les spectateurs détrempés du Grand Prix du Canada hier après-midi. Les averses diluviennes qui ont forcé la suspension de la course durant plus de deux heures ne sont toutefois pas venues à bout des fans invétérés de Formule 1, qui sont restés nombreux dans les gradins malgré le déluge.

Le suspense a tenu les amateurs en haleine jusqu'au bout. Plusieurs d'entre eux n'ont su que la course allait reprendre que lorsque le vrombissement des voitures s'est fait entendre. Le visage de Mike et Steve Elbaz, deux frères de New York, s'est alors illuminé. «Je n'ai jamais pensé partir, a laissé tomber fièrement Mike Elbaz, sourire aux lèvres. Nous venons de trop loin pour abandonner aussi facilement!»

Les deux mains accrochées au grillage qui ceinturait la piste, Robert Patone, de Montréal, ne semblait pas regretter son choix d'avoir attendu tout ce temps sous la pluie. Alors qu'il regardait les voitures passer à la vitesse de l'éclair, son visage recevait des éclaboussures projetées dans les airs par les pneus qui roulaient dans les flaques d'eau. «J'ai attendu ce moment toute l'année. Je n'ai pas le luxe de manquer ça! C'est le plus gros happening sportif du Canada.»

Le service de presse du Grand Prix du Canada n'était pas en mesure d'indiquer, hier soir, la proportion de spectateurs qui ont décidé de partir en raison de la pluie. Selon le témoignage de plusieurs spectateurs, de 25 à 50% de la foule a décidé de partir après la neutralisation de la course. Plusieurs familles avec des enfants étaient du nombre.

«Ça n'avait tout simplement plus de bon sens», a affirmé Michel Desrochers, venu de Victoriaville avec son fils Jean-Michel, 10 ans. Les deux amateurs de course automobile étaient pourtant arrivés bien préparés avec pantalons et manteaux de pluie. «C'était le déluge. Dans ces conditions-là, ce n'était pas agréable du tout, a affirmé M. Desrochers. Nous avons toutefois passé une très belle fin de semaine à Montréal.»

«J'avais l'impression d'être au centre d'un typhon», a pour sa part ajouté Joe Spano, du New Jersey, qui s'est réfugié à la station de métro Jean-Drapeau. «La pluie était tellement forte que je n'arrivais pas à bouger de mon siège. Je comprends l'organisation d'avoir suspendu la course.»

Diane Potvin et Réal Gagné, un couple de Chicoutimi, assistent au Grand Prix à Montréal depuis 1978. Ils ont décidé de partir lorsque la course a été suspendue. «De toute manière, Sebastian Vettel aurait gagné», a-t-elle affirmé avant de se diriger vers la rame de métro.

L'avenir lui a donné tort, ainsi qu'à de nombreux chroniqueurs sportifs. Le pilote allemand a finalement été dépassé par l'Anglais Jenson Button lors du tout dernier tour dans l'une des finales les plus spectaculaires et enlevantes de l'histoire du Grand Prix.