Le grand cirque de la F1 a eu seulement trois jours pour transporter son chapiteau des collines de l'arrière-pays catalan aux quais du port de Monaco. Caprice du calendrier, les essais libres du Grand Prix de la Principauté sont programmés le jeudi, une vieille tradition, et la transition est d'autant plus complexe que les deux circuits sont aux antipodes en matière de réglages.

Après les courbes et les enchaînements rapides de Barcelone, Monaco est considéré comme le circuit le plus lent de la saison. Ceinturée de murs et de rails de sécurité, la piste est extrêmement étroite et les pilotes doivent y faire preuve d'une rare concentration.

Mark Webber y a roulé à tout juste 162 km/h, l'an dernier, en obtenant la position de tête, à peine 20 km/h plus vite que Gilles Villeneuve, en 1980. Les caractéristiques du circuit atténuent les écarts entre les voitures. L'appui aérodynamique à haute vitesse, déterminant sur la plupart des circuits, n'a qu'un impact très limité ici.

À tort ou à raison, les pilotes estiment qu'ils peuvent vraiment faire la différence. «J'ai vraiment hâte à Monaco cette année parce que je crois que nous allons voir une course différente par rapport aux années précédentes, a estimé Lewis Hamilton en point de presse. Les différents changements techniques vont vraiment raviver la course, et j'adorerais voir des tentatives de dépassement ainsi que des luttes entre pilotes.»

Deuxième du Championnat du monde, à déjà 41 points de Sebastian Vettel, l'Anglais espère répéter sa victoire de 2008 et se replacer dans la course au titre. Pour y arriver, il devra d'abord briser l'hégémonie des Red Bull en qualifications cette saison.

Un circuit unique

Vettel a monopolisé les positions de tête des quatre premières épreuves de la saison avant de se laisser surprendre par son coéquipier Mark Webber à Barcelone. Le champion du monde en titre n'a jamais gagné à Monaco et rêve évidemment de corriger cette lacune à son palmarès déjà bien garni.

«C'est un circuit tout à fait unique, a-t-il indiqué sur le site de Red Bull. Il faut être encore plus combatif qu'en temps normal, sauf que la plus petite des erreurs peut coûter très cher. C'est très difficile de dépasser et la grille de départ est habituellement déterminante du classement.»

Vettel avait justement «perdu» le Grand Prix de 2010 quand il avait laissé la position de tête à Webber. Coincé derrière son coéquipier pendant toute la course, il n'avait jamais pu tenter quoi que ce soit.

«Gérer la circulation pendant les qualifications représente tout un défi et ce sera encore plus difficile cette année avec les pneus super-tendres qu'il faudra bien gérer», a averti Vettel.

Bien plus que le SREC ou l'aileron arrière mobile, ce sont sans doute les pneus qui détiennent la clé de l'intérêt du 69e Grand Prix de Monaco. Si les pilotes sont encore obligés de s'arrêter trois, quatre ou même cinq fois, comme ils l'ont fait ailleurs cette saison, la course risque de se jouer à la stratégie et dans les puits de ravitaillement. L'équipe McLaren - qui a remporté 15 des 27 dernières épreuves à Monaco - s'est souvent montrée la plus habile à ce petit jeu en 2011.

Au contraire, Red Bull n'a pas encore réussi une course vraiment parfaite cette saison, malgré son palmarès.

Les autres? Ils ont tous été relégués à plus d'un tour lors du dernier Grand Prix à Barcelone... Un exploit d'Alonso est toujours possible; Rosberg, qui a grandi ici, pourrait surprendre; Kobayashi, Perez ou Maldonado risquent de marquer de bons points... mais ils ne sont vraiment que quatre à pouvoir logiquement aspirer à la victoire.