Laurent Madore est directeur commercial du Circuit de Bahreïn, là où doit avoir lieu le premier Grand Prix de la saison dans trois semaines. Les incidents tragiques des derniers jours - trois morts et plusieurs centaines de blessés dans des manifestations contre le pouvoir - ont toutefois suscité bien des inquiétudes.

«Nous avons effectivement dû annuler une épreuve de la série GP2 prévue ce week-end pour des raisons de sécurité, a expliqué Madore, en entrevue téléphonique. Le ministère de l'Intérieur avait monopolisé toutes les ambulances et nous ne pouvions évidemment organiser une course dans ces conditions.

 

«Cela dit, nous n'avons pas l'impression ici que la situation est hors de contrôle. Nous avons reçu la directive de continuer à préparer le Grand Prix comme prévu. C'est uniquement au centre-ville de Manama qu'il y a eu des manifestations.

 

«J'habite un peu à l'extérieur, dans un quartier où il y a beaucoup d'expatriés, et nous nous sentons tout à fait en sécurité. C'est la même chose au travail, sur le circuit, où je côtoie de nombreux Bahreïnis.»

 

Diplômé de l'Université Concordia, actif dans le sport automobile depuis plusieurs années, Madore a été approché par un chasseur de têtes pour aller travailler dans le petit royaume du golfe Persique.

 

«Bahreïn est un cas à part dans la région, estime-t-il. Il n'y a pas la folie des grandeurs qu'on voit ailleurs, à Dubaï par exemple. La vie est assez paisible et les événements des derniers jours nous ont surpris. Le Grand Prix occupe une place très importante dans l'économie locale. C'est une vitrine internationale sans équivalent et il y a une volonté très claire de faire un succès de cet événement.»

 

Le grand patron de la F1, Bernie Ecclestone, a pour sa part déclaré hier qu'il convenait d'être prudent. «Nous ne nous sommes jamais impliqués dans la politique ou la religion, n'avons jamais pris une décision dans cette perspective, a-t-il affirmé à la BBC. Ce n'est pas à nous de diriger un pays.

 

«Nous allons surveiller les développements au cours du week-end et prendrons une décision au début de la semaine prochaine, mardi ou mercredi. Nous espérons que le Grand Prix pourra avoir lieu comme prévu», a souligné Ecclestone, en précisant qu'il était en contact régulier avec le prince héritier Salman ibn Hamad ibn Isa Al Khalifa, principal responsable de la venue de la F1 à Bahreïn.

 

En principe, la quatrième et dernière séance d'essais présaison devait aussi avoir lieu à Bahreïn, 10 jours avant le Grand Prix, à compter du 3 mars. Tout indique que cette séance aura plutôt lieu en Espagne.

 

«Cela ne serait guère logique de se rendre à Bahreïn pour des essais si le Grand Prix est ensuite annulé», a expliqué Christian Horner, de l'équipe Red Bull, après une réunion des directeurs d'équipe à Barcelone. Nous attendrons les directives de la FIA et de la FOM, la semaine prochaine.»