Souveraine durant les sept premiers Grands Prix de la saison, l'écurie Brawn GP semble en déclin après deux échecs consécutifs, et le dernier dimanche au Nürburgring, face à sa grande rivale Red Bull, a provoqué des tensions dans l'équipe.

Plus que le résultat, c'est surtout la manière qui a déçu en Allemagne. Partis avec très peu d'essence lors des qualifications, ce qui leur a permis d'être compétitifs samedi, les pilotes Brawn GP n'avaient aucune chance de l'emporter dimanche.

Rubens Barrichello, en tête pendant une vingtaine de tours au total, a tenté de donner le change. Mais ses efforts pour se détacher du vainqueur Mark Webber, pourtant beaucoup plus chargé en essence, donc plus lourd, que lui, ont été infructueux. Le Brésilien n'a pris, au mieux, que trois secondes au pilote Red Bull.

La stratégie en trois arrêts choisie par son équipe n'aurait fonctionné qu'en cas de circonstances de course très favorables. «Seule la pluie pouvait m'empêcher de gagner. Et elle n'est pas venue», a analysé Webber.

D'où la déconvenue des Brawn GP, qui a provoqué de grandes tensions dans l'écurie. «L'équipe a montré qu'elle savait comment perdre une course aujourd'hui, non pas parce que j'allais gagner, mais parce que j'ai perdu beaucoup de points», a ainsi lancé Barrichello.

«Quelqu'un qui est en tête dans les premiers tours ne doit pas terminer 6e», a enchaîné le Brésilien, «très déçu» d'avoir laissé échapper la 3e place. «J'ai eu deux problèmes aux stands» -qui lui ont coûté près de 6 secondes- et ont «contribué à (son) recul», a-t-il détaillé.

Barrichello en retraite ?

La question est de savoir si ces problèmes ont été provoqués ou non. Par le passé chez Ferrari, sous les ordres de Ross Brawn, son patron actuel, Barrichello avait été relégué au rang de second pilote, derrière Michael Schumacher.

A 37 ans, rapide comme jamais, selon ses dires, il ne veut pas voir l'histoire se répéter au profit de Button. En Espagne déjà, le 10 mai, un changement de stratégie de dernière minute, très douteux, avait permis à son coéquipier de gagner à sa place.

«Si je finis par penser qu'il se passe maintenant la même chose qu'à cette époque... et bien je vaux mieux que ça. Je suis très bon pour résoudre les problèmes, si c'est nécessaire. Je peux m'arrêter à la fin de l'année», a menacé le Brésilien, qui ne veut toutefois pas en arriver là.

Interrogé sur les déclarations de son partenaire, Jenson Button s'est montré irrité. «Vous créez une histoire qui n'existe pas !», a-t-il lancé à un journaliste.

«Le tuyau d'essence n'a simplement pas fonctionné. Ensuite, il n'avait pas le rythme en pneus durs. Et j'étais coincé derrière lui. Donc il a ruiné ma course aussi», s'est écrié le Britannique, cinquième dimanche, rappelant que leur monoplace avait jusqu'alors été «très fiable».

Reste à savoir si Brawn GP va retrouver son niveau. En Grande-Bretagne et en Allemagne, le temps froid et parfois pluvieux n'a pas convenu aux voitures, en manque d'adhérence.

Parallèlement, Red Bull a fait des progrès impressionnants. «Mais je ne pense pas qu'ils sont aussi rapides qu'ils en ont l'air en ce moment», a balayé Button.

«C'était la meilleure équipe ici (en Allemagne) et à Silverstone, où ils ont gagné la course. Mais nous en avons toujours gagné six sur neuf. On va essayer d'arriver à sept la prochaine fois», a-t-il lancé, en forme de défi. Rendez-vous, le 26 juillet, en Hongrie.