La Formule 1, championnat sportif à l'échelle planétaire? Vraiment? Ce qui s'est passé hier à Sepang, en Malaisie, permet d'en douter sérieusement.

Pour plaire aux téléspectateurs européens, les grands penseurs de la F1 ont décidé de présenter la course à 17h plutôt qu'à 14h. Il pleut des cordes en Malaisie en fin d'après-midi? La noirceur tombe de bonne heure et le circuit n'est pas éclairé? Qu'à cela ne tienne. Ils se sont entêtés, avec le résultat que l'on a vu: une course stoppée à la moitié par un déluge que tout le monde avait prédit, il y a déjà des semaines.

Pour les amateurs de F1 (européens et les autres, car il y en a), la course d'hier a de quoi faire rager. Pas que les pilotes n'ont pas été à la hauteur. Certains - dont le vainqueur Jenson Button - ont réussi l'impossible en gardant leur bagnole en piste sous des trombes d'eau. Les écuries ont aussi sué à essayer de prévoir quand allait tomber cette damnée pluie. À ce chapitre, les hommes de Ferrari ont été épouvantables: Kimi Raikkonen a bousillé une plausible cinquième place en sortant beaucoup trop tôt avec des pneus de pluie. Le week-end de Felipe Massa, lui, était déjà fichu, ruiné par une stratégie désastreuse en qualification. En Malaisie, le cheval cabré a eu l'air d'un vieux canasson.

 

Mystère entier

C'est bien beau de s'exciter devant la gestion des pneus, mais après la superbe course de Melbourne, on souhaitait voir comment tout ce beau monde se débrouillerait sur un circuit permanent. Surtout qu'à Sepang, le fameux système de récupération d'énergie cinétique (SREC) pouvait montrer son plein potentiel. Les écuries qui l'ont adopté se trouveraient-elles avantagées?

Le mystère reste entier.

Comment tirer quelques conclusions que ce soit d'une course tronquée, où même Nick Heidfeld et Timo Glock n'étaient pas certains de leur position avant de monter sur le podium? Car au-delà de cette décision incongrue, la confusion qui a régné une fois la course arrêtée était gênante. Personne ne savait où donner du tournevis. C'est fini ou pas? Je suis deuxième ou troisième? Les spectateurs ont même lancé quelques huées, bien méritées.

 

Bref, au final, personne n'est sorti heureux de cette course de fin de journée. Pas même le vainqueur, qui n'a récolté que la moitié des points, puisque 75% des tours n'ont pas été complétés. On se retrouve maintenant avec des pilotes qui ont des demi-points au classement. Un pilote qui amasse un demi-point, comme Nico Rosberg, ça fait un peu Mickey Mouse, non?

Heureusement que la FIA n'a pas décidé d'aller de l'avant avec son projet de championnat par nombre de victoires. Ce serait un peu comme un système de médailles, disait-on. Hier, Button aurait reçu quoi? Une moitié de médaille? Un écusson de participation?