La perte du Grand Prix du Canada a suscité une vive déception chez les commerçants du centre-ville de Montréal, hier après-midi. Plusieurs intervenants du milieu des affaires considèrent toutefois l'arrêt des négociations avec le grand patron de la F1, Bernie Ecclestone, comme une décision difficile, mais responsable.

L'ambiance était à la consternation, hier, dans les commerces de la rue Crescent, épicentre des activités entourant le Grand Prix de Montréal.«Il va falloir renvoyer nos bouteilles de champagne Cristal à 500 $ et les remplacer par des caisses de blonde », lance, découragé, le propriétaire de Ziggy's Pub, Ziggy Eichenbaum. « Le Grand Prix, c'était notre plus grande fin de semaine. On perd de 15 à 20 % de notre chiffre d'affaires annuel.»

Aux murs et au plafond de son bar pendent les combinaisons de course de Jacques Villeneuve et de Fernando Alonso ainsi que des photos autographiées par de grands coureurs comme Michael Schumacher.

«Cette course, c'était notre marque de commerce, dit-il. Le Grand Prix a projeté la rue Crescent sur la scène internationale. Nous ne pourrons jamais regagner le genre de publicité que nous venons de perdre.»

Bernard Ragueneau, propriétaire de l'Hôtel de la Montagne et président de l'Association des commerçants de la rue Crescent, qualifie de dramatique la perte de la course de Formule 1.

«Pour bien des commerçants, la fin de semaine du Grand Prix, c'est un parachute. Elle leur permet de mettre du bois dans le poêle pour mieux passer l'hiver. Le coup va être dur pour les hôtels, les restaurants et les bars des rues Crescent, Drummond, Peel et McGill.»

Décision responsable

Malgré une perte de revenus touristiques estimée à 75 ou 100 millions de dollars, le président et chef de la direction par intérim de la chambre de commerce du Montréal métropolitain, Roger Plamondon, croit que la décision des trois ordres de gouvernement de ne pas céder aux «demandes déraisonnables de Bernie Ecclestone» était la bonne.

«C'est sûr que la déception est grande aujourd'hui chez les gens d'affaires, mais je pense qu'il est irresponsable de vouloir à tout prix garder la course quand le modèle économique qui la sous-tend n'est pas viable. Les garanties demandées par M. Ecclestone par rapport aux retombées économiques étaient tout simplement trop élevées.»

Même réaction du côté de Tourisme Montréal qui a activement travaillé à tenter de sauver la course. «On ne pouvait pas dire : " Oui, M. Ecclestone, nous allons vous donner la lune, oui, nous allons vous donner tout ce que vous voulez ", a affirmé le président de Tourisme Montréal, Charles Lapointe. Nous avons fait des efforts raisonnables. La proposition a été rejetée ; maintenant, on tourne la page et on passe à autre chose.»