Vingt-six ans après la mort de Gilles Villeneuve, l'auréole entourant ce pilote mythique ne semble pas à la veille de s'estomper. Un nouvel ouvrage, Gilles Villeneuve - Je ne serai pas long, promet d'ailleurs de mieux faire connaître l'enfant chéri des tifosis à la jeune génération d'amateurs de F1, sans doute plus familière avec Jacques Villeneuve qu'avec son père.

Habile mélange de biographie traditionnelle, de photos d'archives et de bande dessinée, Je ne serai pas long est le 10e volume de la collection Dossiers Michel Vaillant. Et fait donc la part belle aux dessins techniquement irréprochables des artisans du Studio Graton, qui illustrent les aventures du héros créé par Jean Graton en 1957.

«Dès le début de cette collection (qui comprend notamment des tomes sur Ayrton Senna et Enzo Ferrari), beaucoup de lecteurs nous ont écrit en nous disant qu'il fallait faire un livre sur Gilles Villeneuve. J'ai été surpris de constater la différence entre le palmarès réel de Villeneuve et l'affection que lui porte toujours le public», raconte le fils de Jean Graton, Philippe, de passage au Québec cette semaine à l'occasion du 20e anniversaire du musée Gilles-Villeneuve.

Les épisodes retenus pour les planches dont est émaillé l'album ne laissent pourtant aucun doute sur les causes de la popularité de ce «champion du peuple», comme l'appelle Graton.

Villeneuve en Atlantique, à Trois-Rivières, triomphant de pilotes de F1 chevronnés comme James Hunt et Alan Jones. Villeneuve sur trois roues à Zandvoort. Villeneuve et René Arnoux qui se passent et se repassent dans leur duel dément de Dijon, en 1979. Une constante: le refus d'accepter les limites de la mécanique ou du simple bon sens. «Il y a dans la réalité des héros dont les exploits dépassent parfois la fiction», note Graton.

Les textes sont signés Xavier Chimits, probablement le premier journaliste européen à avoir interviewé Villeneuve: en 1976, il signe dans le quotidien Sud-Ouest un article sur le «pilote à la feuille d'érable» lors du GP de Formule 2 de Pau, où Villeneuve, alors inconnu outre-Atlantique, a été invité.

Le jeune pigiste est frappé par la simplicité (et l'accent!) du personnage, qui ne laisse aucun doute sur ses intentions. «Il m'avait dit «On peut toujours doubler.» C'est le personnage Villeneuve», raconte-t-il.

Le livre s'achève sur les images horribles de la Ferrari numéro 12 qui s'envole et se désintègre sur la piste de Zolder, en mai 1982. Avec en prime un chapitre sur la fin orageuse et tragique des relations avec Didier Pironi, le frère ennemi qui avait trahi Villeneuve à Imola, deux semaines avant l'ultime tour de piste du Québécois.

«Je ne serai pas long» - la phrase que lançait Gilles à sa femme Joann avant d'aller en piste - n'a évidemment pas l'envergure de la biographie définitive de Villeneuve, signée Gerald Donaldson. Mais c'est une belle façon de (re)découvrir un pilote immense et un des grands héros sportifs d'ici.