Qui eût dit que j'allais trouver Jacques Villeneuve dans les paddocks de F1 à Bahreïn? Il y est pourtant pour disputer la course de Speedcar et j'en ai profité pour discuter longuement avec lui.

Qui eût dit que j'allais trouver Jacques Villeneuve dans les paddocks de F1 à Bahreïn? Il y est pourtant pour disputer la course de Speedcar et j'en ai profité pour discuter longuement avec lui.

Pour Jacques, le Speedcar représente un bon moyen d'aller chercher un peu plus d'expérience pour le NASCAR : les voitures sont celles utilisées en Busch Series l'an dernier. « Il y a moins de puissance et très peu de réglages. Les courses sont courtes, mais ça me donne une bonne expérience sur circuit routier. C'est une bonne préparation pour la course de Montréal «, m'a-t-il expliqué.

 

Il va rouler avec plusieurs anciens noms de la F1, des gars comme Jean Alesi, Heinz-Harald Frentzen, Johnny Herbert, Gianni Mordibelli... Ça me rappelle des souvenirs! Et il pilote la voiture numéro 96, l'année de ses débuts en F1!

 

Il y a du monde qui se demande peut-être comment il se sent de revenir dans l'univers de la F1 pour rouler dans une course de soutien. Il a l'air très bien! Il a rigolé une partie de l'après-midi avec Jock Clear, avec Rubens Barichello, avec Felipe Massa... « C'est une occasion de croiser plusieurs amis que je n'ai pas vus depuis longtemps. Je travaille aussi pour trouver des commanditaires et il y a peut-être des entreprises intéressées ici.»

 

Ce n'est pas couillon de se dire qu'il peut venir chercher du pognon dans le coin. C'est ici qu'il y a du fric! De plus en plus de milliardaires du pétrole jouent un rôle en course automobile... Certains ont des parts chez Ferrari, d'autres chez McLaren.

C'est quand même difficile pour l'ego d'avoir à chercher lui-même des commanditaires après ses succès en F1; mais Jacques n'a pas peur de se retrousser les manches. « Il ne faut jamais se sentir supérieur et vivre dans les nuages. Quand tu roules en F1, que tu gagnes un gros salaire et que tu n'as pas besoin de chercher des commandites, tant mieux. Mais quand la situation change, tu dois t'adapter. Ce serait ridicule de dire : je ne veux pas m'abaisser à faire cela.»

 

Oui, la situation de Villeneuve a changé. Il voyage d'ailleurs en économique! Il a l'air comblé par sa vie de famille. Sachez aussi qu'il n'a pas l'intention de revenir vivre en Europe. Il a envie de rester pour de bon à Montréal. C'est une autre raison pour laquelle il veut tant que ça marche en NASCAR.

 

La situation a aussi changé en F1, avec la disparition des aides électroniques au pilotage. Et je sens que ça lui pince un peu le coeur... « L'an dernier, la F1 ne me manquait pas du tout, mais là, ce serait sympa de piloter ces voitures. J'ai beaucoup travaillé pour qu'on retire toute l'électronique, certains m'en ont voulu. C'est juste dommage que je n'y sois plus...»

Villeneuve est arrivé en F1 après ses potes David Coulthard et Barrichello. Pourtant ces deux-là courent toujours. « L'âge n'a rien à voir dans la durée d'une carrière. Ça dépend de ceux à qui tu plais ou non, avec qui tu es gentil ou non... Je n'ai peut-être pas joué le bon jeu politique au fil des années, mais je n'étais pas là pour ça. La franchise ne paie pas toujours...»

N'empêche, nous on a toujours eu l'heure juste avec Jacques...

 

Si la venue de Jacques a été remarquée dans le paddock, c'est surtout l'affaire Mosley qui fait jaser. Vous voulez mon idée? Il a peu de chances de garder son boulot. Sa réputation est tachée. Comment va-t-il pouvoir imposer une amende à un pilote? Les gars vont dire : c'est lui qui me juge! Il n'aura plus aucun respect.

 

Il ne faut pas oublier que son mandat dépasse le cadre de la F1. Il siège à la Commission européenne et a un rôle de représentation important. Aucun homme politique, aucun constructeur automobile ne va vouloir se faire prendre en photo à côté de lui!

 

Propos recueillis par Stéphanie Morin.