Avec sa beauté latine, Danica Patrick a longtemps fait sourire au volant de sa monoplace, mais l'Américaine a balayé trois ans de remarques sexistes en devenant la première femme à remporter une victoire dans l'univers impitoyablement masculin de l'IndyCar.

Pour elle, la 50e course fut la bonne et c'est bien en tête que Danica Patrick a franchi la ligne dimanche, à Motegi, au Japon, s'adjugeant la troisième des seize manches du Championnat.

Un certain nombre de femmes ont tenu le volant d'une monoplace en un siècle de sport automobile - elles sont trois actuellement en IndyCar -, mais jusqu'alors aucune n'avait réussi à dominer ses collègues masculins dans un championnat de si haut niveau.

«Oui, les rêves deviennent réalité. Il faut simplement être assez persévérant», a assuré la jeune femme aux longs cheveux bruns, de 26 ans. «Ca a mis longtemps à venir, et tout ce que je peux dire est que je suis bien contente que cela soit fini».

Dorénavant, elle ne risque plus d'être perçue comme une Anna Kournikova sur roues, plus célèbre pour son physique que par ses exploits sportifs.

«Je ne vais pas mentir. Je commençais à être frustrée. Je croyais en moi, a raconté l'Américaine. On m'a demandé tant de fois quand j'allais gagner ma première course. Enfin, je n'aurais plus droit à ce genre de questions.»

Du même coup, Danica Patrick s'est hissée à la troisième place du classement général, à 14 points du leader, le Brésilien Helio Castroneves, et sera la grande sensation à Indianapolis, où se tiendra la prochaine course le mois prochain.

L'an dernier, elle avait déjà frôlé la victoire en prenant la deuxième place à Détroit, et avait fini à la quatrième place à Indianapolis, ce qui reste la meilleure performance d'une pilote au féminin sur ce circuit.

«Beaucoup de femmes n'ont pas prouvé de façon constante qu'elles pouvaient être de bonnes pilotes toujours en tête», a fait valoir Danica Patrick. Son atout, selon elle, c'est de n'avoir jamais raisonné en termes de standards masculins et féminins. «Si je n'étais pas assez rapide, je n'étais pas assez rapide. Je ne me disais pas +Je suis la fille la plus rapide+».

Dès ses débuts à 16 ans, Danica Patrick est restée sourde aux commentaires machistes, des railleries qui n'ont pas cessé depuis. «Danica est plutôt agressive au volant, surtout si vous la prenez au bon moment du mois», disait sans classe, son rival Ed Carpenter en 2006.

Sa victoire dimanche a ainsi un petit goût de revanche. «Danica est une personne fantastique et je suis vraiment ravi pour elle qu'elle ait réussi à se débarrasser du poisson qu'elle avait dans le dos», a déclaré le copropriétaire de son écurie, Michael Andretti. «On croyait tous en elle et elle a montré qu'elle était une championne.»

À part l'équitation et la voile, extrêmement rares sont les sports qui offrent aux femmes le plaisir de battre leurs collègues masculins. Si la cavalière néerlandaise Anky van Grunsven avait bien remporté l'or olympique en 2000 et 2004 en dressage, la Suédoise Annika Sorenstam et l'Américaine Michelle Wie, malgré tous leurs talents, n'ont jamais réussi à remporter un tournoi de golf du circuit masculin.