Les CRT, pour Claiming Rule Teams, nouveaux types de motos qui ont des chances de bien figurer si la pluie persiste dimanche lors du Grand Prix d'Espagne, viennent étoffer depuis le début de la saison une catégorie MotoGP qui aurait pu devenir moribonde.

Avec le retrait de Kawasaki fin 2009 et celui de Suzuki deux ans plus tard, seulement douze MotoGP auraient été alignées sur quatre rangs au départ de chaque Grand Prix, spectacle désolant comparé à celui offert il y a encore 10 ans - environ 25 machines - sans parler des plateaux hétérogènes mais pléthoriques des années 70.

«La venue des CRT est une question de survie», a expliqué à l'AFP, Hervé Poncharal, président de l'Association des écuries de moto de vitesse (IRTA) et patron de l'écurie française Tech3.

«Certes on aimerait tous poursuivre la bataille technologique mais les temps ont changé», a-t-il estimé.

Les CRT, motos dont le moteur est issu de la série, contrairement au purs prototypes MotoGP, sont baptisées ainsi car leur propulseur peut être racheté à tout moment par n'importe qu'elle écurie, une fois par an, au prix maximum de 20 000 euros. «Cela oblige les équipes à ne pas se lancer dans des préparations extrêmement onéreuses et à éviter que les constructeurs viennent épauler discrètement ces nouveaux venus», a ajouté Poncharal.

Grâce à cette catégorie, BMW, Aprilia et Kawasaki ont en effet pu de nouveau poser leurs roues dans la catégorie reine. Avec un cadre spécifique, loin du châssis originel, neuf d'entre elles sont inscrites cette saison en Championnat du monde en catégorie MotoGP.

2013 et 2014 années de transition

La lutte devrait se circonscrire entre l'Américain Colin Edwards (BMW-Suter) et le Français Randy de Puniet (Aprilia) mais les Kawasaki-FTR ont paru assez affûtées lors du Grand Prix du Qatar.

Cette bataille devrait se faire néanmoins à bonne distance des MotoGP et de Puniet n'envisage pas de faire plus d'une saison dans ces conditions en terminant au mieux 12e de la course chaque dimanche.

«Nous sommes en pleine négociation avec les trois constructeurs restant en MotoGP - Honda, Yamaha et Ducati - pour faire apparaître une catégorie unique à l'horizon 2015», a expliqué le patron de l'IRTA. «Ces trois là ont fait de gros investissements pour mettre au point leurs 1000 cc et nous ne pouvons pas changer le règlement comme cela alors que leur amortissement était prévu sur cinq ans et non sur trois», a-t-il poursuivi. «Néanmoins, nous souhaitons qu'une seule moto par pilote soit autorisée dès l'an prochain et non deux comme aujourd'hui et surtout que les coûts de location des MotoGP, qui dépassent actuellement les trois millions d'euros soient divisés par trois», a-t-il précisé.

«On ne peut plus vivre comme à l'époque des cigarettiers qui avaient des fonds quasiment illimités, une période où les constructeurs vendaient un maximum de motos», a rappelé Poncharal.

2013 et 2014 seront encore des années de transition avec les soucis que la cohabitation s'impose mais l'objectif final tient en deux phrases selon Hervé Poncharal: «avoir plus de motos sur la grille et permettre aux écuries de fonctionner avec des budgets bien moins importants.»