À l'occasion de la présentation des 24 Heures du Mans cette semaine, les responsables et acteurs de la prestigieuse course d'endurance se sont évertués à faire de l'absence de Peugeot - brutale et imprévue - un épiphénomène, déjà oublié grâce à l'arrivée de Toyota.

De l'amour à la haine, il y a un pas que les différents responsables de l'Automobile Club de l'Ouest (ACO), organisateur de l'épreuve, ou de la Fédération internationale automobile (FIA) n'ont heureusement pas franchi. Peugeot ils ont aimé, Peugeot ils n'haïront pas.

Mais l'arrêt brutal du programme d'endurance du constructeur français a tout de même alimenté à demi-mot un certain nombre de conversations lors de la présentation de la 80e édition de l'épreuve, d'autant que le championnat du monde d'endurance (WEC) renaît de ses cendres après 20 ans d'absence.

«Bienvenue à Toyota», a donc ainsi bravement lancé le Dr Wolfgang Ullrich, grand manitou d'Audi Sport et bourreau de Peugeot ces dernières années (10 victoires sur les 12 dernières éditions du Mans, dont 4 sur 5 éditions face à la 908).

En grand sage, le maître à penser de la marque allemande sait pertinemment que, pour que le WEC reprenne vie, il fallait qu'un autre constructeur qu'Audi veuille bien se joindre à la bataille. Et c'est Toyota qui a endossé les habits du sauveur, même s'il n'entrera en piste qu'à partir de la 2e épreuve, à Spa-Francorchamps le 5 mai.

Les responsables de l'ACO ont eux privilégié l'aspect industriel du rendez-vous manceau. «Une marque nous a un peu fait faux-bond. On le regrette, mais aussitôt, tout le monde de l'endurance s'est ressaisi. Cette année, les trois principaux contructeurs mondiaux sont là avec General Motors (Corvette), Volkswagen (Audi) et Toyota», a souligné Jean-Claude Plassart, le président de l'ACO.

«En-dessous de l'Audi»

Lindsay Owen-Jones, l'ancien patron de L'Oréal désormais président de la Commission endurance de la FIA, s'est lui voulu très lyrique en décrivant la cosmétique particulière à l'endurance.

«Evidemment il y a une crise, mais je suis déraisonablement optimiste et enthousiaste, a-t-il confié. Nous sommes tous conscients de l'importance du défi et des difficultés. L'endurance est un championnat où les voitures sont les vedettes, où la notion d'efficacité énergétique a un sens, où la discrétion et le travail d'équipe l'emportent sur le bling-bling et l'individualisme».

 

Reste l'épineuse question de l'intérêt sportif des prochaines 24 Heures. Car Toyota ne peut raisonnablement espérer rivaliser dès cette année avec Audi, le grand maître.

«Je ne crois pas me tromper en me disant que l'on va constater tout de suite que la Toyota sera en-dessous de l'Audi en raison de la motorisation essence contre diesel», prédit un autre sage, Henri Pescarolo.

«Sauf que n'ayant plus de concurrence, il est évident que les Audi ne vont jamais montré leur potentiel pour rester dans la marge des 2%. Quand Audi se battait contre Peugeot, ils étaient obligés de montrer leur potentiel. Là, ce sera certainement un peu masqué», glisse-t-il.

Son potentiel, la Peugeot 908 hybride ne pourra jamais le démontrer. À l'heure exacte où le plateau de la 80e édition était dévoilé jeudi, la 908 faisait elle son dernier roulage à Satory près de Versailles devant le personnel de Peugeot Sport. Avant de déposer les armes, sans combattre.

Photo AP

Selon le propriétaire d'écurie Henri Pescarolo, Toyota «sera en-dessous de l'Audi en raison de la motorisation essence contre diesel».