Cinq ans après le choix de Volkswagen de remplir ses réservoirs avec du diesel sur le rallye Dakar, BMW et surtout Mitsubishi cette année ont également décidé d'abandonner la traditionnelle essence, une révolution dans le monde des carburants.

Cette année devrait être historique au moins sur un point: sauf énorme surprise, et multiples défaillances des trois principales écuries, le vainqueur du Dakar sud-américain roulera pour la première fois de l'histoire avec un moteur diesel, technologie longtemps considérée comme un frein au succès sur les pistes africaines. Ainsi Volkswagen, qui a lancé son Race Touareg diesel en 2004, a connu quelques belles satisfactions avec des podiums (Kleinschmidt, 3e en 2005 ou De Villiers, 2e en 2006), et des victoires de spéciales (21 au total) mais le succès final n'a jamais été au rendez-vous.

«La réglementation est telle aujourd'hui qu'on ne peut plus gagner si on n'a pas de diesel», souligne Dominique Serieys, évoquant les textes de la Fédération internationale (FIA) bridant plus sévèrement les moteurs essences.

Et de vanter les mérites du produit.

«Avec un moteur diesel, on a plus de couple et plus de puissance. On a un meilleur compromis couple/puissance. Un moteur diesel est aujourd'hui bien à bas régime mais aussi à haut régime. Donc la vitesse de pointe est supérieure avec les +diesel+», insiste Serieys, dont l'écurie reste sur 7 succès consécutifs.

«Outil de marketing appliqué»

Conscient que les diesel BMW se faisaient de plus en plus menaçants, comme l'ont prouvé les 10 victoires sur 14 spéciales en 2007 -domination non concrétisée par un manque de fiabilité-, Mitsubishi travaille sur son moteur turbo-diesel V6 3 litres depuis avril 2006.

Près de trois ans à tester cette technologie en Espagne et au Maroc sur des terrains «dakariens».

Le choix du diesel est certes technique mais il est aussi commercial et environnemental pour les écuries, avec l'utilisation d'un biodiesel et d'un carburant alternatif neutre en carbone.

«C'est un projet à moyen terme sur la période 2009-2011. Il correspond à une volonté commerciale (de la marque). Il faut que (le véhicule) soit un outil marketing appliqué», poursuit Serieys, qui sait que la technologie des bolides est destinée à se retrouver sous le capot de Mr Tout-le-monde.

Même son de cloche chez Volkswagen. «Cette technologie se retrouve sur les routes. Alors autant la maîtriser. Notre objectif est clairement d'être les premiers à gagner avec un moteur diesel», affirme Kris Nissen, son homologue de chez Volkswagen.

BMW et Volkswagen ont certainement vu d'un bon oeil cette révolution du camp adverse pour la 30e édition, d'autant que la firme japonaise a aussi choisi de changer de modèle, en passant du Pajero au Lancer.

«Je pense que la hiérarchie ne va pas changer, estime pourtant Serieys. Même si en termes de performances on est un peu en retard car nous sommes à l'An 1 (du diesel) et pas les autres».

Mitsubishi a «eu peu de temps pour travailler, alors on va voir ce que cela va donner», répond en écho Nissen, rêvant de voir son esprit de pionnier récompensé.