Imposée par la justice en février à Valence (est), en raison du litige entre Alinghi et Oracle, la 33e Coupe de l'America risque de pâtir de conditions météo difficiles après le report à mercredi, faute de vent, de sa première régate.

«Aujourd'hui (mardi) il y aura du (vent) terral (venant des terres) avec une mer très plate et je pense qu'on pourrait naviguer mais mercredi le vent va tomber à nouveau», assurait Florenci Rey, météorologue des chaînes espagnoles Cuatro et CNN, dans les colonnes du journal AS.

«Mardi a apporté à Valence de biens meilleures conditions de navigation», soulignait le «challenger» Oracle, après l'annulation lundi de la première course du duel au meilleur des trois manches.

Dommage. Mardi était une journée de repos obligatoire car même si les deux équipages n'ont pas régaté lundi, ils ont passé près de 10 heures en mer.

«Jusqu'à la fin de cette semaine (les conditions) ne devraient pas beaucoup s'arranger», ajoutait le monsieur météo de Cuatro.

Chez Oracle et le «defender» Alinghi, tout le monde restait prudent. Chris Bedford, spécialiste météo d'Oracle, espérait une brise favorable dans l'après-midi de mercredi... «si on a de la chance».

«Nous savions que nous aurions ce type de temps ici», maugréait Juan Vila, navigateur sur «Alinghi 5».

Valence est pourtant un bon site pour la voile, avec une brise marine garantie presque toute l'année. Le problème c'est que «Garbi», vent de sud-est de 10 à 15 noeuds, idéal pour la régate, ne se manifeste généralement qu'entre avril et octobre.

10 mois après

Bruno Troublé, ancien skipper et organisateur de la Coupe Louis-Vuitton (préliminaires de la Coupe de l'America jusqu'en 2007), ne manquait pas de souligner il y a 10 jours sur son blog: «Sur les 20 derniers jours en janvier, on n'aurait pu faire que deux régates!».

Alors pourquoi cette période si peu propice? D'autant que c'est la première fois qu'une Coupe de l'America se déroule en hiver dans l'hémisphère nord, contrairement aux stipulations du «Deed of Gift», document historique qui régit l'épreuve.

C'est tout simplement le résultat de l'enchaînement judiciaire. Le juge a décidé en avril 2009 d'imposer un duel en multicoques à Valence (seule exception dans l'hémisphère nord) faute d'accord entre Alinghi et Oracle sur l'organisation d'une épreuve classique.

Le «Deed of Gift» (1887) stipule que les régates doivent être organisées 10 mois après la décision, donc février.

Le juge new-yorkais était néanmoins ouvert à une autre période, plus favorable, si Alinghi et Oracle s'étaient mis d'accord. Mais toutes les tentatives ont échoué.

Alinghi a évoqué mai à Valence, mais la bataille judiciaire se poursuivant, a ensuite proposé Ras al-Khaimah (avantageux pour son catamaran avec des vents modérés de 8-12 noeuds) puis brièvement l'Australie. La justice a dit non.

Oracle a envisagé mars ou avril à Valence mais «l'accord de Singapour», qui prévoyait finalement mars à Valence, n'a pas été signé.

Il ne restait donc que Valence en février...