Enfant terrible du tennis britannique, l'Écossais Andy Murray, qui dispute lundi à l'US Open face à Roger Federer sa première finale en Grand Chelem, ne fait pas l'unanimité en Grande-Bretagne.

En demi-finale, Murray, 21 ans, avait pourtant mis tout le monde d'accord en faisant plier l'Espagnol Rafael Nadal, N.1 mondial qu'il n'avait encore jamais battu en cinq affrontements depuis trois ans qu'il est professionnel.

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Et quelle que soit sa sortie en finale face au quadruple tenant du titre, tête basse après une correction, tête haute après un grand match ou même encore trophée en mains après un exploit majuscule, Murray a déjà laissé une trace dans le tennis britannique, qui cherchait un finaliste de Grand Chelem depuis plus de dix ans (Greg Rusedski, US Open 1997) et attend un vainqueur depuis 54 ans (Jaroslav Drobny, un Tchécoslovaque naturalisé, Wimbledon 1954).

Avec ses cheveux fous et sa démarche un peu gauche de grand échalas, Murray contraste avec le style policé très British de son compatriote Tim Henman.

Véritable idole dans son pays, Henman, parti à la retraite l'an dernier, incarnait à lui seul les espoirs britanniques. Murray a repris le flambeau mais il n'est pas un Britannique comme les autres.

Élevé sur terre battue (adolescent, il a passé deux ans dans une Académie de tennis à Barcelone), l'Écossais ne cache pas ses affinités pour le style de vie à l'Américaine. A New York, il se sent comme un poisson dans l'eau.

«L'US Open est mon tournoi préféré», a-t-il répété tout au long de la semaine, au grand dam de quelques journalistes britanniques.

«Pour moi, l'atmosphère et tout ce qui va avec sur le Central cadrent mieux avec ma personnalité qu'à Wimbledon. Quand je suis venu ici pour la première fois, j'ai adoré chaque minute. New York est l'une de mes villes préférées.»

Fruit préféré

Le fait d'y avoir remporté l'US Open juniors l'aide peut-être un peu à faire de la Grosse Pomme son fruit préféré, mais un fruit défendu aux yeux de certains compatriotes qui sacralisent Wimbledon comme le temple du tennis.

A New York, Andy Murray rencontre des vedettes de Hollywood ou de la télévision venus le soutenir durant ses matches, à l'image des acteurs de la série TV la plus populaire du moment aux États-Unis, Entourage, ou du comédien Will Ferrell, qui imitait Murray en tribune en montrant ses biceps.

«Entourage, je regarde tout le temps, s'enflamme-t-il. C'est génial de pouvoir jouer devant ces mecs-là. Ce n'est pas un truc que je pourrais faire chez moi.»

Chez lui, au Royaume de sa Majesté la Reine, Murray agace un peu. Son «Ecossitude», qu'il revendique fièrement, fait couler beaucoup d'encre. En février, son forfait lors du premier tour de Coupe Davis avait ainsi nourri la chronique pendant des mois: «Andy veut-il jouer pour la Grande-Bretagne ?», s'interrogeait à l'époque le Daily Mail, un tabloïde anglais.

Ses relations avec la presse anglaise étaient à ce point tendues à un moment que Murray s'est attaché au printemps les services d'un conseiller en relations presse, Stuart Higgins, ancien rédacteur en chef du tabloïde The Sun, qui compte parmi ses clients le top model Kate Moss.

«Mon travail consiste à rapprocher les deux clans et les amener à se comprendre», a précisé Stuart Higgins, qui n'a pas voulu en dire plus, tenu à la réserve par son nouveau client.