L'avion Solar Impulse 2, qui fonctionne uniquement à l'énergie solaire, doit atterrir vendredi à Hawaï après avoir largement battu le record mondial de vol en solitaire lors de sa traversée du Pacifique, qui éprouve son pilote.

L'homme d'affaires et pilote suisse André Borschberg, qui est dans les airs depuis plus de quatre jours, est attendu sur l'île américaine dans la matinée de vendredi (heure locale) si tout se passe bien.

«Après la plus longue et la plus fatigante nuit de son vol, poussant le pilote et l'avion dans leurs retranchements, André est désormais de retour dans la lumière océanique», écrivent les organisateurs dans leur dernier point d'étape.

À 22 h 00 (heure de Montréal) jeudi, Solar Impulse 2 avait effectué 91% du trajet entre le Japon et l'État américain tropical, avait volé 7471 kilomètres et devait encore en parcourir 700, à peine 12 heures de vol en théorie.

Pour cela, il a dû traverser un dernier front froid, ce que les organisateurs avaient décrit comme un «saut par-dessus le mur».

Avant cet obstacle, les organisateurs avaient tweeté: «André Borschberg est fatigué. Avec des turbulences à 2400 mètres d'altitude et un front froid proche, LA SITUATION EST DIFFICILE.»

Mais un tweet victorieux a été publié vers 21 h 00 (heure de Montréal), disant que l'avion avait «traversé avec succès le deuxième et dernier front froid le séparant d'Hawaï ! Applaudissez !»

L'avion expérimental doit atterrir à l'aéroport Kalaeloa, sur l'île principale de Oahu, à environ 30 kilomètres à l'ouest d'Honololu. La dernière estimation de l'heure d'arrivée est de midi (heure de Montréal).

Jusque-là, André Borschberg a volé pendant plus de 104 heures, battant largement le précédent record établi en 2006 par Steve Fossett, qui avait volé pendant 76 heures et 45 minutes (un peu plus de trois jours).

Préparation minutieuse

L'aviateur fait des siestes de 20 minutes seulement pour pouvoir garder le contrôle de son engin. Il est équipé d'un parachute et d'un canot de sauvetage au cas où son avion s'écraserait dans le Pacifique.

Mercredi, le Solar Impulse 2 avait franchi un obstacle important avec le passage d'un front froid allant approximativement de Taïwan à l'Alaska. Ce front était jugé si dense que Solar Impulse avait reporté plusieurs fois son départ du Japon, où il s'était posé le 1er juin, passant près d'un mois à attendre un temps clément.

L'avion, qui avait aussi dû patienter auparavant un mois en Chine, était parti le 9 mars d'Abou Dhabi pour un tour du monde, le premier d'un avion propulsé par l'énergie solaire, de 35 000 kilomètres destiné à promouvoir l'usage des énergies renouvelables.

L'avion dont les ailes sont couvertes de cellules photovoltaïques, charge ses batteries la journée et marche à l'énergie électrique accumulée la nuit.

M. Borschberg est seul dans la cabine non pressurisée de 3,8 mètres cubes. Volant à des altitudes allant jusqu'à 9000 mètres, il doit utiliser des bouteilles d'oxygène pour respirer, et il doit subir de grandes variations de température lors d'une même journée.

Le pilote s'est minutieusement préparé à cette épreuve d'endurance, de même que le copilote, Bertrand Piccard, qui vole en alternance sur le Solar Impulse.

Ce psychiatre, qui vient d'une famille d'explorateurs, a déjà réalisé le premier tour du monde en ballon sans escale.

«Le but est de se sentir à l'aise pour être capable d'accepter mentalement, et même d'aimer, être dans ce cockpit durant une période aussi longue», a raconté André Borschberg.

«J'utilise des techniques de yoga et de méditation, et mon partenaire d'autohypnose, pour nous détendre», avait-il précisé.