Les États-Unis et une trentaine de pays, dont la Chine et la Russie, ont cherché jeudi à mettre de côté leurs rivalités en matière de conquête spatiale en jetant les bases d'une coopération mondiale d'exploration de l'univers.

Pour la première fois, le Forum international d'exploration de l'espace (ISEF) s'est réuni au département d'État, au niveau ministériel, plus de deux ans après sa création en Italie, sous l'égide de l'Union européenne et de l'Agence spatiale européenne.

«Nous avons tous un intérêt à étendre la conquête humaine du système solaire, à faire avancer l'innovation et à élargir à davantage de peuples et de pays les bénéfices des découvertes» spatiales, a résumé le numéro deux de la diplomatie américaine, William Burns.

Devant des délégations ministérielles européennes, japonaise, chinoise, indienne, russe ou brésilienne, le secrétaire d'État adjoint a exhorté la trentaine de pays représentés à «trouver le courage et la volonté politique de faire avancer la conquête spatiale et d'assurer que la coopération ait raison de la concurrence».

De fait, la période de la Guerre froide fut rythmée par une compétition acharnée entre les États-Unis et l'URSS pour être le premier à réaliser un vol habité dans l'espace ou pour envoyer un homme sur la Lune.

Aujourd'hui, la Chine, l'Inde et le Japon sont en quête de suprématie en matière de conquête spatiale.

Pékin a réussi en décembre deux exploits technologiques à quelques heures d'intervalle, en faisant alunir sa sonde Chang'e-3, puis en débarquant un «rover» tout-terrain baptisé «Lapin de jade». Le précédent alunissage en douceur remontait à la mission soviétique Luna 24, en août 1976.

Et le rival indien a envoyé en novembre dernier une fusée avec à son bord une sonde voyageant vers la planète Mars.

Dans le même temps, les États-Unis ont réduit les financements de leurs programmes spatiaux, renonçant par exemple à retourner sur la Lune, tout en demandant à la NASA de travailler sur un vol habité vers Mars d'ici à 2030.

Seize pays, dont les États-Unis, la Russie, le Japon et des pays européens, coopèrent déjà dans l'espace grâce à la Station Spatiale Internationale (ISS), un avant-poste orbital d'un coût de 100 milliards de dollars et dont la durée de vie vient encore d'être prolongée jusqu'en 2024.

Mais l'ISEF est encore plus ambitieux et compte bâtir une coopération mondiale censée explorer plus avant le système solaire et même au-delà, ont plaidé les participants du Forum.

«À mesure que le nombre de nations spatiales augmente, que le monopole des États en matière de connaissance et de technologie s'érode et que l'intérêt commercial dans l'exploration spatiale s'accroît, la coopération internationale va se révéler plus importante que jamais», a insisté M. Burns.