La nouvelle n'a pas fait grand bruit. Mais, mine de rien, le Canada pourrait lancer très bientôt le premier satellite militaire de son histoire.

Le satellite Sapphire, construit par la firme canadienne MacDonald, Dettwiler and Associates (MDA), devrait être propulsé en orbite à partir de l'Inde dans les prochains mois, voire les prochaines semaines, par l'Organisation de recherche spatiale indienne.

Le satellite, long d'environ 1 m et qui pèse 148 kg, servira notamment à recueillir des données sur les débris spatiaux et les autres satellites, dans le cadre du programme NORAD, l'organisme canado-américain de surveillance aérospatiale.

Ce «sera un système de capteurs électro-optiques placés dans l'espace qui agira comme capteur participant au Space Surveillance Network des États-Unis» (le Réseau de surveillance de l'espace), peut-on lire sur le site web de la Défense nationale du Canada.

Placé en orbite quasi polaire à environ 800 km au-dessus de la surface terrestre, il pourra surveiller les objets dans l'espace lointain, jusqu'à 40 000 km de distance. Son espérance de vie est d'au moins cinq ans.

«Il y a au-delà de 12 000 objets dans tous les orbites autour de la Terre - satellites opérationnels ou hors d'usage, déchets, morceaux de météorites... On dit même que l'un des objets qui tournent toujours autour de la Terre est le gant d'un astronaute!», lance James Ferguson, directeur du Centre d'études sur la défense et la sécurité à l'Université du Manitoba.

MDA a remporté l'appel d'offres pour le projet en 2007. Elle avait préalablement participé à une période de conception préliminaire de neuf mois à partir de 2005.

Une facture de 100 millions

Le projet devrait coûter environ 84 millions de dollars, selon une note adressée au ministre responsable, que La Presse a obtenue en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Cette note, qui date de décembre 2011, porte le sujet suivant: «Quel sera le coût des satellites que le ministère de la Défense nationale lance en période de restrictions budgétaires?»

À 84 millions, c'est près de cinq fois moins que le coût de la participation canadienne au Système mondial de communications par satellite à large bande, annoncée il y a un an au coût de 477 millions.

Un autre projet, la Mission de télécommunications et de météorologie polaire, «est toujours en phase de définition et des évaluations de coûts doivent être finalisées», peut-on lire dans la note. Ce projet vise à fournir aux Forces armées et autres intervenants du gouvernement des prévisions météorologiques et des moyens de communication plus fiables.

Le Canada possède déjà quelques satellites en service, dont les deux satellites d'observation de la Terre, RADARSAT-1 ou RADARSAT-2 et des satellites de télécommunications comme Anik E1 ou Anik E2.