Une fusée Ariane 5 doit lancer vendredi depuis Kourou (Guyane) l'ATV Edoardo Amaldi, le troisième cargo automatique européen destiné à ravitailler l'équipage de la Station spatiale internationale (ISS), en orbite à environ 400 km au-dessus de la Terre.

Six astronautes sont actuellement en mission à bord de la station, occupée en permanence par un équipage international: les Russes Oleg Kononenko, Anton Chkaplerov et Anatoli Ivanichine, les Américains Dan Burbank et Don Pettit et le Néerlandais André Kuipers.

C'est la version la plus lourde du lanceur (Ariane 5-ES) qui sera utilisée pour propulser dans l'espace les 20 tonnes de l'ATV-3, dont quelque 6 tonnes de fret (nourriture, eau, etc.).

Initialement programmé le 9 mars, ce lancement de l'ATV (Automated Transfer Vehicle) avait été reporté une semaine plus tôt afin de permettre des «vérifications complémentaires».

Une décision dictée par un souci de sécurité mais qui a eu de nombreuses répercussions sur la mission: calcul d'une nouvelle trajectoire, reprogrammation des différentes phases de la mission sur une durée beaucoup plus courte que prévu, cinq jours au lieu de dix, etc.

Le lancement est désormais prévu le 23 mars à 1h34 locales de Kourou depuis le centre spatial guyanais.

Environ une heure plus tard, l'ATV-3 doit se séparer d'Ariane et être placé sur une orbite à 260 km d'altitude et à une vitesse d'environ 7,6 km par seconde.

Suivi en permanence au sol par des équipes de l'Agence spatiale européenne (ESA) et du Centre national d'études spatiales (Cnes) français depuis son centre de contrôle de Toulouse (sud-ouest), le vaisseau, un cylindre de 10 mètres de long pour 4,5 mètres de diamètre, déploiera alors ses panneaux solaires pour voler de manière autonome vers l'ISS.

colis et courriers envoyés par les familles

Dans la nuit du 28 au 29 mars, l'ATV sera guidé sur les 250 derniers mètres par un système de navigation laser vers la station, à laquelle il s'amarrera automatiquement. Une prouesse, sachant que l'ISS en orbite a une vitesse de 28 000 km/h et que la «cible» que l'ATV vise pour s'amarrer ne fait que 10 cm.

Une fois cette manoeuvre achevée, l'ATV devient une partie intégrante de la station spatiale.

L'équipage peut alors prendre livraison de sa cargaison: 4 tonnes de carburant, 285 kg d'eau, 100 kg d'oxygène et plus de deux tonnes de matériel divers, ainsi que les colis et courriers envoyés par les familles des astronautes.

Après être resté amarré à l'ISS pendant six mois au plus et avoir régulièrement contribué à rehausser son orbite avec ses moteurs, il servira de «cargo poubelle» et sera rempli de tous les déchets produits à bord.

Il se détachera alors et plongera vers l'atmosphère terrestre où il se consumera avec tout ce qu'il transporte.

Tous les 18 mois environ depuis 2008, un ATV ravitaille l'ISS. Après Jules Verne en 2008 puis Johannes Kepler en 2010, le troisième ATV a été baptisé du nom du physicien italien Edoardo Amaldi (1908-1989).

Début 2013, ce sera le tour de l'ATV-4, baptisé Albert Einstein, tandis que le cinquième et dernier véhicule vient d'être baptisé du nom de Georges Lemaître, physicien belge père de la théorie du Big Bang.

L'approvisionnement de l'ISS est également assuré par des vaisseaux ravitailleurs russes Progress et japonais HTV.

Depuis l'arrêt des navettes spatiales américaines en juillet 2011, seule la Russie et ses lanceurs Soyouz sont capables d'acheminer des astronautes vers l'ISS et de les ramener sur Terre, depuis le cosmodrome de Baïkonour.