Le système de navigation européen Galileo, dont deux nouveaux satellites doivent être mis sur orbite dans la nuit de vendredi à samedi à partir de la Guyane française, vise à rompre la dépendance de l'Europe vis-à-vis du GPS américain tout en assurant un meilleur service.

Alors que le GPS et le Glonass russe sont sous contrôle militaire, la constellation de satellites Galileo a la particularité d'être entièrement dans le domaine civil.

«Galileo va permettre de s'affranchir du GPS américain, de garantir l'indépendance stratégique de l'Europe dans ce domaine tout en offrant un service plus précis aux utilisateurs», déclare à l'AFP Philippe Boissat, conseiller responsable des questions Espace et Défense pour le cabinet Deloitte.

La Chine est également en train de se doter d'un système de radionavigation par satellites (Bei Dou) et l'Inde s'y prépare, relève-t-il.

Ces ambitions ont un coût, qui s'est accru en raison de nombreux retards. Galileo est actuellement entièrement financé par la Commission européenne.

Le programme Galileo a déjà coûté environ 5 milliards d'euros (près de 6,8 milliards de dollars).

Pour la période 2014 à 2020, l'Europe a prévu de dépenser 7 milliards d'euros, soit 1 milliard d'euros par an.

Galileo assure pouvoir fournir une meilleure couverture et une meilleure précision que ses concurrents, grâce à une constellation plus dense et une orbite plus élevée.

Galileo prévoit d'aligner un total de 30 satellites (dont trois de secours) à 23 222 km alors que le GPS dispose de 24 satellites (dont trois de secours) à 20 200 km d'altitude. Le système américain, plus ancien, affiche une précision de trois à huit mètres contre un mètre promis par le projet européen.

Opérant à plus haute altitude que le GPS, les satellites Galileo disposeront d'un angle d'inclinaison plus élevé, très utile en ville. Plus le signal est élevé, plus il est perceptible.

Les satellites Galileo sont aussi dotés des meilleures horloges atomiques jamais utilisées dans la navigation, d'une précision d'une seconde sur trois millions d'années.

Une mesure ultra-précise du temps est primordiale car le système repose sur la conversion du temps en distance. Une erreur de mesure d'un milliardième de seconde aboutit à une erreur de positionnement de plusieurs dizaines de centimètres.

Chaque satellite émet un signal indiquant sa localisation sur orbite ainsi que le moment exact où ce signal est émis. Le signal voyageant à la vitesse de la lumière, il suffit de calculer le temps qui s'est écoulé entre son émission et sa réception pour en déduire la distance qu'il a parcourue.

En croisant les mesures reçues de plusieurs satellites - quatre au minimum - par triangulation, l'utilisateur au sol connaît ainsi sa position, son cap, sa vitesse, etc.

Galileo sera compatible avec le GPS américain.