La guerre contre le Hamas sera « longue et difficile », a déclaré samedi le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, annonçant la « seconde phase » de son opération militaire dans la bande de Gaza, où l’accès à l’internet et au réseau cellulaire revenait graduellement dimanche matin. Coupés du monde pendant plus de vingt-quatre heures, les premiers témoignages émanant de l’enclave décrivaient des scènes de détresse.
Ce qu’il faut savoir
- Vendredi soir, Israël a lancé une attaque tous azimuts sur la bande de Gaza. L’internet et les communications cellulaires ont été coupés dans l’enclave palestinienne ;
- L’armée israélienne a annoncé avoir « frappé 150 cibles souterraines » dans le nord de la bande de Gaza, où selon elle le Hamas dirige ses opérations depuis un gigantesque réseau de tunnels sous-terrain ;
- L’assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution réclamant un cessez-le-feu à Gaza, mais sans condamner l’attaque du 7 octobre commise par le Hamas, comme le proposait le Canada dans un amendement ;
- 8000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza depuis l’attaque du 7 octobre dans laquelle 1400 personnes ont été tuées côté israélien.
« Nous allons sauver notre pays. Nous allons nous battre dans les airs, sur terre. Nous allons nous battre, et nous allons gagner », a déclaré Benyamin Nétanyahou dans un discours télévisé.
Trois semaines après l’attaque sanglante du 7 octobre, il a rappelé les objectifs de l’opération militaire dans la bande de Gaza : détruire le Hamas et libérer les otages.
Le mouvement islamiste palestinien pose une menace « existentielle » pour Israël, a affirmé le premier ministre, ajoutant que le conflit entrait dans sa « seconde phase ».
Depuis vendredi soir, l’armée israélienne opère au sol avec des soldats et des blindés, tout en intensifiant ses bombardements de l’enclave palestinienne.
Selon le porte-parole de la défense civile à Gaza, Mahmoud Bassal, « des centaines d’immeubles et de maisons ont été entièrement détruits » dans la journée de samedi, faisant grimper le bilan des personnes tuées dans l’enclave depuis le début du conflit à plus de 8000.
Samedi, Israël a exhorté une fois de plus les habitants du nord de la bande de Gaza à se réfugier vers le sud. « Ce n’est pas une simple précaution, c’est un appel urgent », a averti samedi un porte-parole de Tsahal.
L’avertissement a notamment été diffusé sur les réseaux sociaux, et ce, alors que la population gazaouie était privée d’accès à l’internet et au réseau cellulaire depuis vendredi.
Tôt dimanche matin, les communications téléphoniques et l’accès à l’internet revenaient progressivement dans la bande de Gaza, rapportaient des médias palestiens.
« Chaos total »
Hors de l’enclave palestinienne, presque aucun détail ne filtrait sur les incursions terrestres de l’armée israélienne.
Si la première phase de l’opération militaire visait à « détruire l’infrastructure du Hamas », la seconde étape consiste à « éliminer les poches de résistance », a déclaré le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, la semaine dernière.
Quant à la situation humanitaire, les premiers échos du terrain depuis le début de la coupure des communications décrivaient des scènes de détresse.
« C’est le chaos total », a témoigné samedi un correspondant de la BBC établi à Gaza.
« Les gens essaient de joindre des membres de leur famille dans d’autres zones pour vérifier qu’ils sont en sécurité, mais les téléphones ont été coupés », a-t-il ajouté, expliquant que les ambulanciers se rendaient directement sur les lieux des explosions, les appels d’urgence ne leur parvenant plus.
Sans réseau cellulaire ni internet, les hôpitaux ne peuvent pas fonctionner, a souligné de son côté la coordinatrice humanitaire des Nations unies pour la Palestine, Lynn Hastings.
« Les guerres ont des règles. Les civils doivent être protégés », a-t-elle écrit sur la plateforme X.
Privé de l’internet
L’armée israélienne a refusé de confirmer samedi si ses frappes aériennes étaient à l’origine de la rupture abrupte des télécommunications à Gaza, comme l’en accusent les autorités palestiniennes.
« Nous faisons ce qu’il faut pour assurer la sécurité de nos forces aussi longtemps que nécessaire, de manière temporaire ou permanente, et nous ne dirons rien de plus à ce sujet », a déclaré un contre-amiral de Tsahal.
Samedi, Elon Musk a annoncé que son service d’accès à internet par satellite Starlink assurerait la connectivité des organisations d’aide à Gaza, une offre condamnée par Israël. Sur X, le ministre israélien des Communications a déclaré que son bureau « coupera tout lien » avec l’entreprise du milliardaire.
Selon le professeur au Collège militaire royal de Saint-Jean Marc Imbeault, entraver les communications de son rival constitue une stratégie militaire classique.
Si votre adversaire est incapable de se coordonner, ça vous avantage. Le Hamas a peut-être des back-up pour communiquer, mais ces systèmes peuvent être moins rapides, moins efficaces.
Marc Imbeault, professeur au Collège militaire royal de Saint-Jean
De manière générale, priver la population gazaouie de l’internet et de réseau cellulaire est aussi une façon d’augmenter la pression sur le Hamas. « C’est comme un étau qui se resserre », note Marc Imbeault.
Appels à la désescalade
Les appels à un cessez-le-feu se sont multipliés samedi à la suite de la coupure des communications dans la bande de Gaza et de l’élargissement de l’opération terrestre israélienne.
« Depuis [vendredi], les bombardements des forces israéliennes se sont intensifiés à un degré jamais atteint jusqu’à présent », a déploré Médecins sans frontières.
L’organisation humanitaire a exhorté les dirigeants politiques à mettre un frein « à la violence aveugle qui se déchaîne sur un peuple sans défense ».
La présidente du Comité international de la Croix-Rouge, Mirjana Spoljaric, s’est quant à elle dite « choquée par le niveau intolérable de souffrance humaine », appelant à une « désescalade immédiate.
De leur côté, les Émirats arabes unis ont réclamé samedi une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies « dès que possible ».
Tensions avec la Turquie
Par ailleurs, Israël a rappelé samedi ses diplomates postés en Turquie, après que le président turc Recep Tayyip Erdoğan eut qualifié les bombardements de la bande de Gaza par l’État d’hébreu de « massacre », lors d’un rassemblement propalestinien.
« Nous allons déclarer au monde entier qu’Israël est un criminel de guerre », a déclaré M. Erdoğan, ajoutant que le Hamas n’était pas une « organisation terroriste », bien qu’il soit désigné comme tel par les États-Unis et le Canada.
« Compte tenu des graves déclarations venant de Turquie, j’ai demandé le rappel du personnel diplomatique en poste en Turquie afin de réévaluer nos relations bilatérales », a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères en réponse à ces commentaires.
Échange de tirs au Liban
Les tensions à la frontière nord d’Israël continuent de faire craindre un embrasement régional.
Tsahal a déclaré samedi avoir lancé une frappe de représailles après avoir déjoué un missile sol-air tiré du Liban qui visait un aéronef sans pilote.
Quelques heures plus tard, l’armée israélienne a déclaré qu’un de ses drones avait touché une « cellule terroriste » au Liban qui avait tenté de tirer un missile antichar sur Israël.
De son côté, le Hezbollah a déclaré avoir mené plusieurs attaques à l’aide d’obus d’artillerie et de missiles guidés, sans donner plus de détails.
Avec The Guardian, la BBC, l’Agence France-Presse et l’Associated Press