Raya Passi était toujours couchée quand l’alerte a retenti à 6 h 30 samedi, annonçant l’arrivée des roquettes. Sans hésiter, elle s’est levée et a couru vers la pièce sécurisée de sa maison.

La femme de 69 ans, qui habite à quatre kilomètres de la bande de Gaza dans le kibboutz de Yad Mordechai, en Israël, est habituée aux tirs de roquettes. Mais cette fois-ci, c’était différent. « J’ai remarqué que les tirs et le nombre de roquettes étaient inhabituels. Il y en avait trop. Beaucoup trop. Et ce n’est jamais comme ça », confie-t-elle à La Presse.

La dame, qui fait partie de l’équipe de volontaires de son village pour les situations d’urgence, s’est empressée d’aller rejoindre ses collègues dans leur abri, utilisé comme salle de réunion. « Nous nous sommes rencontrés là-bas et nous avons commencé à regarder la télévision », dit-elle. À travers les informations télévisées, elle a compris que la situation était critique, même avant que l’armée l’annonce officiellement. « J’ai eu très peur », dit-elle.

Dans les heures qui ont suivi, des soldats du Hamas ont tenté de pénétrer dans son village. « Ils voulaient entrer, mais l’armée les a tués. Nous avons donc eu beaucoup de chance de ne pas nous retrouver dans la situation d’un terroriste à l’intérieur du kibboutz », dit-elle.

Exposée et vulnérable

Les résidants étaient piégés chez eux, incapables de quitter la zone à cause des soldats du Hamas.

La consigne était de rester chez soi, de fermer les portes et de ne pas sortir. Les gens étaient donc en panique. Tout le monde voulait partir et s’éloigner de cette zone dangereuse. Mais nous ne pouvions pas.

Raya Passi

Même dans sa pièce sécurisée, Mme Passi se sentait « tellement exposée, tellement vulnérable », puisqu’elle ne pouvait pas s’y barricader de l’intérieur. « Dans d’autres kibboutz, les gens tenaient la poignée de la porte avec leurs mains pour que les terroristes ne puissent pas entrer. Les personnes qui n’avaient pas assez de force pour tenir la poignée se faisaient tuer ou kidnapper », raconte-t-elle.

Ce n’est que samedi après-midi que les résidants du kibboutz ont eu l’autorisation de partir. La plupart d’entre eux ont fui la zone, y compris Raya Passi qui est allée rejoindre sa famille à Rosh HaAyin, une ville près de Tel-Aviv. Dimanche, les résidants qui étaient toujours sur place ont reçu l’ordre de quitter les lieux.

La paix

Raya Passi aspire à la paix, tout simplement. « Je sais que beaucoup de femmes et d’enfants souffrent aussi de l’autre côté. Ils n’ont pas de chambres sécurisées. Et lorsque les avions israéliens larguent des bombes, ils n’ont pas d’endroit où se cacher. Et je sais que les gens ordinaires comme moi souffrent beaucoup », dit-elle. Elle espère que les dirigeants des deux côtés mettront fin à cette souffrance partagée.

Avant les bombardements en 2000, il n’y avait pas de frontières rigides, se remémore-t-elle. Les échanges étaient fréquents entre Israël et Gaza. « Nous allions faire nos courses à Gaza, et eux venaient travailler dans les communautés voisines.

« Je ne peux pas dire que nous n’avions pas de soupçons parfois, mais c’était ouvert. C’était différent. Aujourd’hui, c’est tellement effrayant. On ne sait jamais ce qui va se passer. Et ce n’est pas une façon d’élever des enfants. Ce n’est pas une façon de vivre. Ni pour nous ni pour eux. »