Le blogueur Raif Badawi, emprisonné en Arabie saoudite, a évité la flagellation, aujourd'hui, vient d'indiquer sa femme sur les réseaux sociaux.

Pas de flagellation pour Raif Badawi aujourd'hui, peut-on lire sur sa page Facebook.

Ensaf Haidar, qui vit désormais à Sherbrooke avec les trois enfants du couple, disait plus tôt cette semaine avoir été prévenue par «une source bien informée» de l'imminence de la reprise du châtiment de son mari, qui avait reçu les 50 premiers de 1000 coups de fouet le 9 janvier dernier, devant une mosquée de Djeddah, après la prière du vendredi.

Toutes les séances suivantes ont été suspendues depuis, mais Amnistie internationale souligne que le châtiment peut reprendre à tout moment.

Cette suspension de la flagellation de Raif Badawi survient au lendemain de l'attribution par le Parlement européen du prix Sakharov de la liberté d'esprit au blogueur saoudien.

Cette prestigieuse récompense, parfois qualifiée de Prix Nobel européen, a été créée en 1988 pour honorer les défenseurs des droits de la personne et les libertés fondamentales.

Raif Badawi, qui était en lice au côté de l'opposant politique russe Boris Nemstov assassiné à Moscou en début d'année et de l'opposition démocratique au Venezuela, a été condamné à 10 ans de prison, 1 million de riyals d'amende (346 000 $) et 1000 coups de fouet pour avoir «insulté l'islam» par son site internet consacré aux débats sociaux, politiques et religieux.

En février, le Parlement européen avait adopté une résolution condamnant le châtiment du blogueur saoudien et enjoignant les autorités saoudiennes à «libérer immédiatement, sans condition, cet homme regardé comme un prisonnier d'opinion».

Un prix qui fait du «bruit»

Amnistie internationale, qui tenait hier sa vigile hebdomadaire pour Raif Badawi devant le complexe fédéral Guy-Favreau, à Montréal, estime que cette récompense aidera à la mobilisation pour la cause du blogueur et pour «l'enjeu de la liberté d'expression» en Arabie saoudite en général.

L'organisation sera d'ailleurs à Ottawa lundi, avec Ensaf Haidar, pour apporter à l'ambassade d'Arabie saoudite quelque 30 000 messages de soutien reçus à l'attention de Raif Badawi.

La directrice générale d'Amnistie pour le Canada francophone, Béatrice Vaugrante, espère aussi pouvoir rencontrer le premier ministre désigné Justin Trudeau, qui a déjà pris fait et cause pour Raif Badawi au début de l'année.

«Ses propos, son intérêt et ses questions portaient à croire qu'il était sincèrement et réellement inquiet de la situation et qu'il allait s'engager pour en faire plus, se souvient-elle. J'espère que ces mots-là vont être suivis de gestes.»