Les violences ont fait deux morts palestiniens de plus samedi à la frontière entre Israël et la bande de Gaza tandis que des milliers de personnes signifiaient lors de funérailles que la colère n'était pas près de retomber.

À Jérusalem-Est, deux Palestiniens de 16 et 19 ans ont par ailleurs été abattus par les policiers israéliens près de la Vieille ville, après avoir, dans deux nouvelles attaques, blessé au couteau deux juifs ultra-orthodoxes ainsi que deux policiers israéliens.

Après avoir cherché ces derniers jours à éviter l'escalade, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président palestinien Mahmoud Abbas se sont rejeté la responsabilité des violences lors d'entretiens téléphoniques avec le secrétaire d'État John Kerry qui leur a dit sa «profonde inquiétude».

M. Nétanyahou a dit à son interlocuteur américain qu'il attendait de l'Autorité palestinienne qu'elle arrête «son incitation féroce, basée sur des mensonges, qui a provoqué l'actuelle vague de terrorisme». Et M. Abbas a réitéré la nécessité pour le gouvernement israélien de cesser de «couvrir les provocations des colons, menées sous la protection de l'armée».

Déclenché le 1er octobre avec une attaque qui a coûté la vie à deux colons israéliens en Cisjordanie occupée, ces violences ont réveillé le spectre d'une troisième intifada, après les soulèvements populaires palestiniens contre l'occupation israélienne de 1987 et 2000.

Les experts estiment qu'on n'en est pas là mais mettent en garde contre le risque qu'un incident grave ne mette le feu aux poudres.

Pour la deuxième journée consécutive, des centaines de Palestiniens ont défié les soldats israéliens postés de l'autre côté de la barrière séparant Gaza d'Israël.

L'inconnue Hamas

En plus d'exprimer leur solidarité avec la Cisjordanie et Jérusalem-Est occupées, les Gazaouis cherchaient aussi à donner libre cours à leur propre hargne causée par trois guerres en six ans avec Israël et une réclusion presque totale.

Durant les heurts, deux adolescents ont été tués près de la frontière.

Selon l'armée, les Palestiniens ont «pénétré dans le périmètre du no man's land, lancé des pierres et des pneus en feu. Les soldats ont tiré en l'air pour les arrêter, en vain. Ils ont alors ouvert le feu sur les principaux instigateurs».

D'autres heurts ont eu lieu près du passage d'Erez à la frontière nord de Gaza, où «des dizaines de suspects ont franchi la barrière. Cinq ont été arrêtés», selon l'armée.

La violence a gagné Gaza vendredi avec la mort de sept Palestiniens par des tirs israéliens le long de la barrière qui, avec la frontière égyptienne, enferme le territoire. Il y a eu près de 150 blessés.

Il s'agissait de l'évènement le plus meurtrier entre Palestiniens de Gaza et Israël depuis la guerre de l'été 2014.

La mort samedi de deux Palestiniens supplémentaires pose plus que jamais la question de la réaction de l'enclave, du mouvement islamiste Hamas qui la gouverne et des autres organisations combattantes qui s'y trouvent.

Une roquette tirée de Gaza a été interceptée samedi soir dans le sud d'Israël, a annoncé l'armée. La nuit précédente, une autre était tombée sans faire de blessé dans la même région. Israël a lancé tôt dimanche matin un raid aérien de riposte contre un camp d'entraînement des brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas, selon des sources sécuritaires palestiniennes à Gaza. Il n'y a pas eu de blessé, le camp étant inoccupé.

L'armée israélienne a indiqué que le raid avait visé «deux ateliers de fabrication d'armes du Hamas», mouvement qu'«elle rend responsable de tout acte d'agression en provenance de la bande de Gaza».

Le Hamas, dont le chef a parlé d'une nouvelle «intifada», pourrait ne pas avoir intérêt à envenimer les choses, estiment les analystes, car il se reconstruit après la guerre de 2014.

Morts et arrestations

La Cisjordanie et Jérusalem-Est ont continué à être secouées par les heurts qui ont suivi les funérailles houleuses de trois Palestiniens.

À Jérusalem-Est, des centaines d'hommes en colère ont accompagné le cercueil d'un Palestinien de 22 ans tué par des tirs israéliens lors d'une nouvelle bataille rangée la veille dans le camp de réfugiés de Chouafat, irréductible bastion palestinien. Des heurts y ont ensuite opposé Palestiniens et policiers israéliens.

Des foules de milliers de personnes ont porté à bout de bras à Hébron et Yatta, en Cisjordanie, les corps de deux jeunes abattus après des attaques à l'arme blanche contre des Israéliens.

À Hébron, un Palestinien a succombé à ses blessures infligées jeudi lors de heurts avec les soldats israéliens, selon une source médicale.

Vingt-et-un Palestiniens ont été tués, dont sept auteurs présumés d'attaques à l'arme blanche, ainsi que quatre Israéliens depuis le 1er octobre. Israël a arrêté 400 Palestiniens, dont la moitié âgés de 14 à 20 ans, selon le Club des prisonniers palestinien.

Photo Ronen Zvulun, Reuters

Ce sont les treizième et quatorzième attaques à l'arme blanche en huit jours contre des Israéliens ou des juifs de la part de Palestiniens dans leur très grande majorité.