L'armée israélienne a répliqué de manière limitée à la mort d'un de ses soldats touché par des tirs d'un soldat libanais à la frontière, tentant lundi de déterminer l'éventuelle implication du Hezbollah pour moduler sa riposte.

Un sergent israélien de 31 ans a été tué dimanche soir par des tirs en provenance du Liban alors qu'il conduisait un véhicule aux environs de Rosh Hanikra, tout près de la frontière, selon l'armée, précisant qu'il avait essuyé six ou sept tirs.

«À notre connaissance, c'est un soldat libanais qui a tiré sur notre soldat. Nous tenons le gouvernement et l'armée libanaise pour responsables de ce qui arrive de leur côté», a déclaré le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon.

Il a réclamé que «l'armée libanaise explique exactement ce qu'il s'est passé et si ce soldat a agi de sa propre initiative, ce qu'il est advenu de lui et comment l'armée libanaise compte empêcher que cela se reproduise», avant une réunion tripartite avec la FINUL (Force intérimaire des Nations unies déployée dans le sud du Liban).

La FINUL a précisé dans un communiqué que «les discussions avaient porté sur «des mesures concrètes pour renforcer les dispositifs de sécurité sur la Ligne bleue (la frontière, NDLR) afin de prévenir la répétition de tels incidents».

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a «déploré le tir contre un soldat israélien par un soldat libanais», assurant que les deux parties «coopéraient avec la FINUL pour établir les faits».

Dans un communiqué, il a «rappelé aux forces armées libanaises leurs responsabilités» à la frontière, tout en «exhortant les deux parties à faire preuve de retenue».

Un porte-parole de l'armée israélienne, le commandant Arye Shalicar, a affirmé à l'AFP qu'après les tirs, les militaires israéliens avaient ouvert le feu sur «deux suspects de l'autre côté de la frontière».

«Nous pensons qu'il s'agissait de soldats libanais impliqués dans les tirs contre le soldat», a-t-il ajouté, indiquant qu'au moins un d'entre eux avait été touché.

Plus grave accrochage depuis 2010

Selon une source militaire libanaise, les forces libanaises responsables de la position la plus proche étaient lundi à leur poste, à 500 mètres de la ligne d'armistice entre les deux pays, près de Ras al-Naqoura.

Un correspondant de l'AFP a vu trois soldats postés dans un abri où se trouvent des équipements de communications.

Il s'agit de l'accrochage frontalier le plus meurtrier depuis août 2010, quand un soldat israélien, deux soldats et un journaliste libanais avaient été tués.

Les commentateurs des médias israéliens soulignaient que, comme à l'époque, l'ampleur des représailles dépendrait du fait de savoir s'il s'agissait d'une attaque isolée ou au contraire d'une opération ordonnée par le Hezbollah ou par l'armée libanaise.

Le Hezbollah nourrit des motifs de vengeance, en particulier après l'assassinat au début du mois d'un de ses chefs, imputé par la formation chiite libanaise à Israël, qui a démenti, rappelle le correspondant militaire du quotidien Haaretz.

Selon lui, «ni Israël ni le Hezbollah ne souhaitent une vaste confrontation militaire» en ce moment.

«Dans le même temps, il semble que le Hezbollah préférerait des attaques discrètes - par exemple en agissant par l'intermédiaire de soldats libanais - pour ne pas se retrouver accusé et éviter d'être entraîné dans une véritable guerre avec Israël», écrit-il.

Le vice-ministre israélien de la Défense Danny Danon a tiré argument de ces tensions pour appeler le secrétaire d'État américain John Kerry à acquiescer aux exigences d'Israël de maintenir une présence militaire à la frontière entre la Jordanie et la Cisjordanie même en cas de création d'un État palestinien.

«L'incident d'hier à la frontière nord-est est un triste, mais important rappel de la raison pour laquelle Israël ne peut pas délocaliser sa sécurité (la confiant) à des forces étrangères aussi bien intentionnées et bien équipées soient-elles», a-t-il affirmé dans un communiqué.

La situation à la frontière israélo-libanaise est généralement calme depuis que l'armée israélienne et le Hezbollah se sont affrontés très durement à l'été 2006.

Plus de 1200 Libanais avaient été tués, en majorité des civils, ainsi que 160 Israéliens, des militaires pour la plupart.