Craignant les conséquences d'une intervention militaire étrangère contre la Syrie, les Israéliens se hâtaient de s'équiper en masques à gaz, même si le risque d'attaques de représailles contre le territoire israélien est considéré comme faible.

«Depuis le début de la semaine (démarrant le dimanche en Israël), il y a eu quatre fois plus d'appels que d'habitude vers notre centre de renseignements, une augmentation significative», a déclaré à l'AFP une porte-parole des services postaux israéliens, qui distribuent les masques à gaz.

Les commandes actuelles qui doivent être livrées par courrier sont supérieures de 300% à la «normale», a-t-elle précisé.

La porte-parole a par ailleurs fait état d'une légère hausse du nombre de personnes visitant les centres de distribution, sans en préciser le nombre.

Les premières distributions de masques à gaz au grand public israélien remontent en 1991 lorsque l'Irak de Saddam Hussein avait tiré 39 missiles Scud sur Israël, alors qu'une coalition conduite par les États-Unis lançait l'opération «Tempête du désert», après l'invasion par Bagdad du Koweït.

Des experts israéliens affirment cependant que les risques d'une attaque similaire de la part du régime syrien ou du mouvement chiite libanais Hezbollah, son allié, sont «faibles».

«Mais les responsables de la Défense sont préparés à cette éventualité», a assuré la correspondante responsable des affaires militaires sur la radio publique, Carmela Menashe.

Les États-Unis et leurs alliés semblent de plus en plus déterminés à lancer une frappe contre le régime syrien, accusé d'être responsable d'une attaque chimique près de Damas le 21 août.

Le régime syrien a promis mardi de se défendre en cas d'intervention. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait assuré pour sa part fin avril que les alliés du président Bachar al-Assad ne permettraient «pas que ce pays tombe entre les mains des États-Unis, d'Israël ou des groupes takfiri (extrémistes sunnites)».

Le vice-ministre de la Défense Danny Danon a mis en garde contre toute attaque.

«Si Israël est attaqué, nous réagirons, cela n'est pas nouveau (...) En cas de réponse, elle sera sérieuse, tous nos ennemis de la région en sont conscients», a-t-il averti sur la radio publique.

Israël estime que le Hezbollah dispose d'un arsenal de 60 000 roquettes et missiles au Liban voisin.

En juillet 2006, une guerre avait opposé l'armée israélienne au Hezbollah pendant 33 jours, donnant lieu au tir de milliers de missiles depuis le Liban vers l'État hébreu.

Ce conflit avait fait 1200 morts - principalement des civils - au Liban et détruit des régions entières, tandis que 60 Israéliens - 41 civils et 19 soldats - avaient été tués.

«Israël est préparé à la possibilité que d'autres acteurs, comme le Hezbollah, agissent depuis le Liban», a estimé Mme Menashe.

«Cette possibilité est cependant faible (...) en raison essentiellement de l'opposition à l'intérieur du Liban aux activités du Hezbollah et à son engagement en Syrie» aux côtés des troupes de Bachar al-Assad, a-t-elle ajouté.

Face au risque d'escalade, une délégation de hauts responsables de la défense israélienne a été reçue lundi à la Maison-Blanche.

Photo MENAHEM KAHANA, AFP

Une famille repartant avec plusieurs masques à gaz.