Les conservateurs ont renforcé leur emprise sur le Parlement en Iran à l'issue d'élections législatives boycottées par les réformateurs, mais sans faire apparaître clairement de vainqueurs entre partisans et opposants au président Mahmoud Ahmadinejad.

Au total, 65 des 290 sièges du Majlis étaient à pourvoir vendredi lors du second tour des législatives, dont le premier tour avait eu lieu le 2 mars.

Les réformateurs, qui ont largement boycotté le scrutin pour protester contre la répression ayant suivi la réélection contestée de M. Ahmadinejad en juin 2009, n'ont obtenu que deux sièges au second tour, selon les décomptes publiés dimanche par les médias iraniens.

Ils n'ont plus que 21 sièges dans le nouveau Parlement, contre soixante dans l'assemblée sortante.

Les deux principales alliances conservatrices en compétition, le «Front uni des conservateurs» (opposé au président Ahmadinejad) et le «Front de la persistance de la révolution islamique» (plutôt favorable au président), ont  emporté 44 sièges au second tour, selon l'agence Fars.

Au total, ces deux coalitions hétéroclites devraient dominer la future assemblée, avec 65 sièges pour le Front uni, 25 pour le Front de la persistance et 61 pour des députés présentés simultanément par les deux groupes rivaux --une particularité de la politique iranienne qui ne facilite pas l'analyse des résultats.

Par ailleurs, 98 députés ont été élus comme «indépendants» face aux candidats de deux coalitions. Beaucoup sont inconnus, mais au moins une dizaine d'entre eux sont clairement conservateurs.

Quinze autres députés se répartissent entre divers groupuscules conservateurs, les 5 derniers représentant les minorités reconnues (chrétiens, juifs et zoroastriens).

Le nouveau Majlis comptera par ailleurs 9 femmes contre 8 dans le précédent.

Si la quasi-totalité des nouveaux élus se réclame du Guide de la République islamique Ali Khamenei, ces résultats ne permettent pas de discerner clairement le rapport de force entre partisans et opposants au président Ahmadinejad, d'autant que le Parlement a été très largement renouvelé avec 196 nouveaux élus.

L'équilibre du futur Majlis dépendra largement du ralliement prévisible d'un certain nombre d'«indépendants» au Front uni ou au Front de la persistance, ainsi que des choix de la soixantaine d'élus présentés simultanément par les deux coalitions de siéger plutôt avec l'une ou l'autre, estiment les analystes.

Il faudra attendre le début de la législature le 27 mai et les premières décisions de la nouvelle chambre, notamment l'élection de son président, pour déterminer son centre de gravité, ajoutent-ils.

En attendant, les deux principaux camps conservateurs revendiquaient dimanche la victoire.

Au-delà de ses 65 élus officiels, le Front uni a affirmé, par la voix de ses partisans dans les médias, contrôler «la majorité des sièges du Parlement».

«Les élections montrent une victoire nette du Front Uni», titrait le quotidien conservateur Tehran Emrouz proche du maire de Téhéran, membre de la coalition antigouvernementale.

En retard arithmétiquement avec seulement 25 élus identifiés, le Front de la persistance favorable au président Ahmadinejad affirmait de son côté pouvoir compter sur plus d'une une centaine de partisans dans la nouvelle chambre.

«Aucun groupe conservateur n'a obtenu la majorité», mais «tous les groupes conservateurs crient victoire», résumaient à leur une les quotidiens économiques Donyaye-Eghtessadi et Etemad.

Le quotidien gouvernemental Iran a estimé que les deux coalitions avaient «un poids identique», soulignant que le fort renouvellement du Majlis montrait «le mécontentement des électeurs face au comportement du Parlement sortant» qui a mené pendant quatre ans la vie dure au gouvernement.

Le Parlement iranien vote les lois et approuve la composition du gouvernement par un vote de confiance. Il peut également démettre chacun des ministres et le président de la République en adoptant une motion de défiance.