Le chef de la mission de l'ONU en Afghanistan, Staffan de Mistura, estime que la corruption en Afghanistan n'est «pas un paramètre absolu», jugeant que son éradication est «un objectif à réaliser dans les dix prochaines années», dans un entretien accordé au journal La Croix de vendredi.

«Nous sommes venus en Afghanistan à cause des attentats du 11 septembre 2001, pas pour transformer l'Afghanistan en Suisse, avec une gouvernance parfaite, sans corruption et dans le respect des droits de l'Homme», affirme le représentant onusien, interrogé sur la confiance qu'il est possible d'accorder au président afghan Hamid Karzaï sur le plan de la gouvernance.

 

«Cela ne veut pas dire qu'il ne faudra pas y arriver un jour, pour avoir une stabilité réelle, mais c'est un objectif à réaliser dans les dix prochaines années avec l'aide de l'ONU», poursuit-il.

«Lorsqu'ils étaient au pouvoir, les talibans n'étaient pas corrompus et ils n'achetaient pas de Mercedes, mais ils étaient incapables de s'occuper de leur population. La corruption empêche souvent le gouvernement afghan d'être efficace, mais il y a beaucoup plus d'écoles et d'hôpitaux qu'à l'époque des talibans», dit-il.

«La corruption n'est pas un paramètre absolu. En revanche, il faut mieux contrôler l'aide internationale et la passation des contrats», affirme M. de Mistura.

Le chef de la Mission de l'ONU considère que le président Karzaï est «un allié qui peut être compliqué, difficile», mais «qui représente aussi une réalité afghane» et que «si on veut un compromis, il faut avoir quelqu'un capable de le faire avec tous».

À la veille d'un sommet de l'Otan à Lisbonne consacré à la stratégie des forces internationales en Afghanistan, il juge que la «stratégie militaire» du commandant en chef américain de ces forces, le général David Petraeus, «porte ses fruits» et que les talibans sont «fatigués» et plus enclins à négocier.

«Nous en voyons la preuve dans l'augmentation de leurs contacts avec le gouvernement», a-t-il ajouté.

Le président afghan a de nouveau appelé les talibans à entamer des pourparlers de paix avec lui, mardi à l'occasion de la célébration de la fête musulmane de l'Aïd-el-Kébir, malgré le ferme refus réitéré la veille par leur chef spirituel, le mollah Omar.