Le nouveau site du programme nucléaire iranien pourra être inspecté le 25 octobre, a annoncé dimanche le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique Mohamed ElBaradei, tout en faisant part des inquiétudes persistantes de l'AIEA sur les intentions de Téhéran.

«Le cas de l'Iran peut être réglé par le dialogue, a dit M. ElBaradei, selon l'agence officielle iranienne Irna. À présent, nous passons de la confrontation à la coopération et je demande à l'Iran de maintenir la transparence.»

«Nous sommes à présent sur une voie adéquate. L'agence, la communauté internationale et l'Iran ont commencé des discussions constructives», a encore déclaré M. ElBaradei, qui s'exprimait après un entretien avec le président iranien Mahmoud Ahmadinejad.

Selon M. Ahmadinejad, «grâce à la bonne coopération entre l'Iran et l'Agence, des questions importantes ont été résolues et il n'y a plus de question ambiguë entre l'Iran et l'Agence».

Mais M. ElBaradei a ajouté auprès de la presse qu'il restait «des inquiétudes quant aux intentions de l'Iran, et ça ce n'est pas une question de vérification». «Il s'agit de bâtir la confiance et c'est la raison pour laquelle il y a maintenant des discussions à six», a-t-il noté.

Il a précisé que les inspecteurs de l'AIEA allaient pouvoir visiter le nouveau site d'enrichissement d'uranium, près de Qom (centre). Sa construction, révélée le 25 septembre, a suscité l'inquiétude de capitales occidentales.

«Nous nous sommes mis d'accord pour que la visite ait lieu le 25 octobre», a déclaré M. ElBaradei lors d'une conférence de presse avec Ali Akbar Salehi, chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique.

«Il est important de nous assurer que celle-ci (l'usine) est construite pour des raisons pacifiques».

Par ailleurs, il a annoncé que l'Iran, les États-Unis, la France et la Russie se réuniraient le 19 octobre à Vienne pour discuter des possibilités de faire enrichir l'uranium iranien par un pays tiers, comme le demande Téhéran.

L'accord qui se dessine permettra un meilleur contrôle du stock d'uranium enrichi de l'Iran, source d'inquiétude des Occidentaux et d'Israël, qui craignent que Téhéran ne l'utilise pour fabriquer l'arme atomique, ce que le régime iranien nie.

Selon des experts, l'Iran possède suffisamment d'uranium enrichi à moins de 5% lui permettant de fabriquer une bombe atomique, s'il poussait le niveau d'enrichissement à plus de 90%.

À en croire un responsable américain, un accord pourrait intervenir pour que l'Iran fournisse l'uranium à la Russie qui le ferait enrichir à 20% avant que la France ne le transforme en combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran, qui est sous contrôle de l'AIEA.

«Ce réacteur est destiné (...) à produire des isotopes médicaux pour les malades atteints de cancer», a souligné Mohamed ElBaradei.

Sa visite intervient trois jours après la réunion de Genève entre le négociateur iranien Saïd Jalili, les représentants des grandes puissances et le diplomate en chef de l'Union européenne Javier Solana, qui avait permis d'ébaucher ces accords.

Dimanche, Washington s'est félicité du fait que l'Iran était «désormais prêt à s'asseoir à la table des négociations» et Paris a salué le «mouvement, la petite ouverture» de Téhéran.

M. ElBaradei a par ailleurs démenti des informations du New York Times selon lesquelles l'AIEÀ disposait d'un document confidentiel prouvant que l'Iran avait acquis «suffisamment de connaissances pour pouvoir élaborer et fabriquer» une bombe atomique «fonctionnelle».

«Nous avons des inquiétudes mais nous ne sommes pas paniqués à propos du programme nucléaire iranien», a-t-il relevé.

Arrivé samedi à Téhéran, M. ElBaradei devait être l'invité d'honneur d'un banquet dimanche soir, pour sa dernière visite en Iran en tant que chef de l'AIEA, selon l'agence Isna. Il doit repartir lundi matin.