(Rome) La première ministre italienne Giorgia Meloni a annoncé vendredi la restauration d’exemptions fiscales pour les agriculteurs à bas revenus, pour tenter de calmer leur mouvement de colère alors que des centaines de tracteurs sont massées aux portes de Rome.

Mme Meloni a fait cette annonce lors de la réception au siège du gouvernement avec ses ministres de l’Agriculture et de l’Économie d’organisations représentatives du secteur agricole.  

« La proposition du gouvernement est d’aider les agriculteurs qui en ont besoin en limitant l’exemption d’impôt sur le revenu […] aux plus vulnérables alors qu’elle bénéficiait jusqu’ici aux plus grandes exploitations », a-elle affirmé, selon une source gouvernementale. Ce régime favorable en place depuis 2017 n’avait pas été prolongé dans le dernier budget, au grand dam de la profession.

« En Europe, le gouvernement a défendu les agriculteurs et contesté depuis le début les choix erronés imposés par la Commission européenne », a-t-elle ajouté, se disant « favorable à la défense de l’environnement et à la transition écologique, mais fermement contraire à ce qui est devenu une transition idéologique, faite de diktats ».

Des mouvements de protestation similaires ont eu lieu en Allemagne dès fin décembre, puis en France et ailleurs en Europe. En Italie, des agriculteurs se sont mobilisés en régions, de Turin à la Sicile, et désormais dans la capitale.

Des dizaines d’entre eux, majoritairement originaires de Toscane et issus du mouvement Riscatto agricolo (Réveil agricole), stationnent depuis lundi aux portes de Rome sur un champ aux abords de l’autoroute.

Vendredi, des journalistes de l’AFP y ont dénombré plus de 300 tracteurs, dont trois-un vert, un blanc, et un rouge, comme les couleurs du drapeau italien-ont défilé le long du Colisée, l’un des monuments les plus célèbres de la capitale.

« Les politiques de l’UE nous mettent en grande difficulté », avait expliqué cette semaine à l’AFP Elia Fornai, un agriculteur de 26 ans venant de Toscane. « Cela fait donc plusieurs jours que nous manifestons ici, car nous devons inévitablement rentrer chez nous avec des résultats ».

Comme leurs collègues européens, éleveurs et cultivateurs italiens s’opposent à certaines règles de l’UE et à la concurrence jugée déloyale avec d’autres pays comme le Canada et l’Ukraine. Ils demandent aussi la suppression des taxes sur le carburant agricole et de meilleures rémunérations.

Principale bénéficiaire du plan de relance européen après la pandémie de COVID-19, l’Italie a récemment obtenu une hausse des aides destinées à son agriculture, passant de cinq à huit milliards d’euros.

Concernant leurs critiques du Pacte vert qui est censé aider l’UE à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, les agriculteurs européens ont obtenu mardi de Bruxelles l’abandon d’un texte visant à réduire l’usage des pesticides.   

Giorgia Meloni s’était alors félicitée d’une « victoire qui est aussi celle de notre gouvernement ».