(Moscou) Neuf personnes arrêtées en Russie lors de protestations, dans une petite ville du Bachkortostan, dans l’Oural, ont été condamnées à plusieurs jours de prison, a annoncé vendredi la justice russe, tandis que les manifestations, rares en Russie, continuaient dans la région.

Les neuf prévenus ont participé « à un évènement public non autorisé » à Baïmak, une ville de 17 000 habitants de la région, et sont « condamnés » à des peines de 8 à 15 jours de prison, a indiqué dans un communiqué le tribunal municipal.

Ils avaient été interpellés le 17 janvier, lors d’une manifestation de soutien devant un tribunal de Baïmak, située non loin du Kazakhstan, où venait d’être condamné à quatre ans de prison un opposant régional, Faïl Alsynov.

L’activiste, qui a dénoncé l’assaut russe en Ukraine et lutte notamment contre l’exploitation des ressources énergétiques au Bachkortostan, a été condamné pour « incitation à la haine », dans un verdict à huis clos.

C’est ce jugement qui a poussé six milliers de personnes, selon l’ONG spécialisée OVD-Info, à manifester mercredi devant le tribunal, se heurtant à la police qui a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser la foule qui lançait des boules de neige.

Une vingtaine de personnes au total avaient été arrêtées, selon OVD-Info, et six d’entre elles ont été condamnés à des courtes peines, selon la justice russe jeudi.

« Séparatisme »

Une telle explosion de colère dans la rue est excessivement rare en Russie, où toute critique du pouvoir est passible de prison.

Interrogé par la presse, le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a minimisé les incidents au Bachkortostan, les qualifiant de « manifestations individuelles » qui « relèvent de la compétence des autorités locales et des forces de l’ordre ».

« Il n’y a pas d’émeutes ni de manifestations de masse », a-t-il assuré.

La veille, le gouverneur régional, Radi Khabirov, avait dénoncé des appels au « séparatisme ».

Vendredi, plusieurs dizaines de sympathisants de Faïl Alsynov se sont de nouveau rassemblés, cette fois-ci à Oufa, la capitale régionale, malgré un important dispositif policier, selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux.

« Honte ! », criaient devant le Palais des Congrès des manifestants qui faisaient face à des policiers armés de boucliers anti-émeute par -10 °C.

Selon ces vidéos partagées par des médias locaux, plusieurs individus ont été arrêtés par la police, sans que les autorités ne communiquent à ce sujet à ce stade.

L’un des manifestants arrêtés arborait sur ses épaules le drapeau bleu-blanc-vert du Bachkortostan, une république russe qui compte une importante communauté musulmane et turcophone.

Quelques dizaines de mètres plus loin, d’autres manifestants récitaient à haute voix les vers du héros local Salavat Ioulaïev, un poète bachkir du XVIIIe siècle dont l’imposante statue jouxte le Palais des Congrès, le long de la rivière Belaïa.

D’autres personnes ont tenté d’empêcher le départ d’un bus embarquant des manifestants arrêtés, selon une autre vidéo.