(Paris) Frappée par une troisième vague de chaleur estivale qui remonte et s’intensifie dans le sud du pays, la France est désormais entièrement frappée par la sécheresse, après le passage de Paris et sa banlieue proche sous « vigilance », conséquence d’un mois de juillet le plus sec jamais enregistré.

La France devrait connaître mercredi des températures maximales « souvent supérieures ou égales à 35 °C, avec des pointes à 39 ou 40 °C sur le Sud-Ouest », a prévu mardi l’organisme public Météo-France.

De quoi placer 27 départements, sur les 96 de métropole, en « vigilance orange canicule » : du Bas-Rhin (nord-est) jusqu’à la Haute-Garonne (sud-ouest) en passant par le Vaucluse (sud-est). L’essentiel d’entre eux se concentrent dans la partie est du pays.

Ce pic de chaleur « sera encore présent jeudi en se décalant vers l’Est » et il devrait être plus court et moins intense que l’épisode caniculaire de la mi-juillet, a précisé Météo-France.

Toutefois, la répétition des pics de chaleur complique inhabituellement la situation, mettant les personnes les plus fragiles et la nature à rude épreuve.

Quelques jours seulement se sont écoulés entre ce nouveau pic de chaleur et la canicule de juillet, qui elle-même succédait à une première en juin, inhabituellement précoce.

« On est inquiet par ces répétitions rapprochées de vagues de chaleur » qui « ne permettent pas à des organismes de revenir à un fonctionnement normal », explique Isabelle Bonmarin de l’agence nationale Santé publique France (SPF).

« On s’attend à une surmortalité, notamment des 75 ans et plus », ajoute son collègue Robin Lagarrigue, précisant qu’un « bilan sera fait à la rentrée, en septembre ».

Ces vagues de chaleur aggravent en outre une sécheresse exceptionnelle qui frappe désormais tout le pays, Paris et ses départements proches ayant à leur tour été placés en « vigilance sécheresse ».

Juillet 2022 a été le mois de juillet le plus sec en France depuis le début des mesures en 1958-1959, et le second mois le plus sec jamais enregistré (après mars 1961).  

Le cumul des précipitations y a été de seulement 9,7 millimètres, un déficit de 84 % par rapport aux normales.

Les agriculteurs inquiets

Dans la quasi-totalité des départements, des restrictions ont donc été édictées. Dans les 58 en crise, seuls sont autorisés les prélèvements d’eau à « usages prioritaires » : santé (hôpitaux), sécurité civile (pompiers), eau potable, salubrité.

Ces restrictions d’eau inquiètent les agriculteurs, en particulier pour la culture du maïs. À l’échelle nationale, la proportion de parcelles de maïs grain considérées en état « bon à excellent » est passée de 75 % à 68 % en une semaine, selon le dernier baromètre de la profession, du 29 juillet.   

Dans les Pyrénées-Orientales (sud), les prélèvements en eau sont restreints de 50 % et Baptiste Cribeillet, qui exploite 60 hectares de nectarines bio, espère que ça n’ira pas plus loin.

« Si on passe à l’étape au-dessus, on ne pourra plus irriguer du tout et les dégâts seraient monstrueux sur les arbres et les récoltes à venir », estime cet arboriculteur de la vallée du Tech.

Selon les scientifiques, la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes (canicule, sécheresse, incendies, etc.) est une conséquence directe du réchauffement climatique, les émissions de gaz à effet de serre augmentant à la fois leur intensité, leur durée et leur fréquence.

L’Europe occidentale notamment (France, Espagne, Grèce) a connu cet été des mégafeux de forêt. Et l’intensité des épisodes de sécheresse risque encore d’augmenter, selon les experts de l’ONU.