L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic, condamné à perpétuité pour génocide, a accusé mardi l'OTAN d'avoir « détruit » son pays lors d'une audience préliminaire de son procès en appel à La Haye.

Il a également déclaré au juge de l'ONU qu'il ne se sentait « pas bien » en détention.

Ratko Mladic, 75 ans, a fait appel en mars de sa condamnation à perpétuité pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, prononcée en novembre par le tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) pour son rôle dans la guerre en Bosnie de 1992 à 1995.

Plus de 20 ans après la guerre, qui a fait plus de 100 000 morts et 2,2 millions de déplacés, Ratko Mladic a été reconnu coupable de 10 chefs d'accusation, dont le génocide de l'enclave de Srebrenica, où 8000 hommes et garçons musulmans ont été tués en 1995.

Le « Boucher des Balkans », qui n'a jamais reconnu une once de culpabilité, a également été jugé coupable de l'enlèvement d'employés des Nations unies et du siège de Sarajevo, long de 44 mois, au cours desquels 10 000 personnes ont été tuées.

« Je me défends moi-même contre l'OTAN qui a détruit mon pays et ma santé », a lancé Ratko Mladic, avant d'enlever sa veste pour montrer sa chemise portant l'inscription OTAN avec le pouce « Je n'aime pas » de Facebook en dessous.

L'Alliance atlantique a joué un rôle important pour mettre fin à la guerre de Bosnie en ayant mené des frappes aériennes contre les positions serbes en 1995 et en ayant déployé une force du maintien de la paix après la signature des accords de Dayton.

« Je pense que c'est un faux tribunal, je ne le reconnais pas », a-t-il poursuivi en demandant la révocation du juge Theodor Meron du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux, l'organisme chargé d'achever les travaux des tribunaux pénaux internationaux pour le Rwanda et du TPIY.

Il s'est une nouvelle fois plaint de la détérioration de son état de santé.

« Ma santé s'est brusquement détériorée en 2008, j'ai eu beaucoup de problèmes et plusieurs crises cardiaques. Elles n'ont pas été enregistrées », a-t-il dit.

Son avocat, Dragan Ivetic, a déclaré devant le juge que son client souffrait d'un « rythme cardiaque irrégulier » et risquait « un arrêt cardiaque subit ».

« Je tiens à vous assurer que nous prenons très au sérieux les plaintes relatives aux questions de santé », a répondu le juge Meron.

Ratko Mladic et son alter ego politique, Radovan Karadzic, ont été condamnés par le TPIY pour leur rôle dans la guerre qui a suivi l'éclatement de la Yougoslavie après la chute du communisme, au début des années 90.

Le président serbe Slobodan Milosevic est mort dans sa cellule de causes naturelles en 2006 à l'âge de 64 ans, avant la fin de son procès pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité.