L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a confirmé jeudi les découvertes du gouvernement britannique sur l'identité du poison utilisé contre un ex-espion russe et sa fille en Angleterre, poussant Londres à réitérer ses accusations contre la Russie.

«Les résultats de l'analyse menée par les laboratoires désignés par l'OIAC (...) confirment les découvertes du Royaume-Uni quant à l'identité de l'agent chimique toxique utilisé à Salisbury qui a blessé grièvement trois personnes», a indiqué l'organisation dans un communiqué rendu public à Londres. La substance chimique est d'une «grande pureté», a-t-elle précisé sans toutefois établir de responsabilités.

Le gouvernement britannique a désigné la substance comme un agent innervant de type militaire de la famille Novitchok, de conception soviétique, et rendu Moscou responsable de l'attaque contre l'ex-agent double russe Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, le 4 mars à Salisbury (sud-ouest).

Pour permettre à l'OIAC de procéder à ses propres analyses, la justice britannique avait autorisé en mars des prélèvements de sang sur les Skripal, ainsi que sur un policier britannique qui avait été intoxiqué en leur portant secours.

Moscou dément catégoriquement toute implication, dénonçant une «provocation» occidentale et une «campagne antirusse». L'affaire a provoqué une grave crise diplomatique entre Moscou et les Occidentaux, qui s'est traduite par la plus importante vague d'expulsions croisées de diplomates de l'Histoire.

Des «réponses» attendues du Kremlin

S'appuyant sur ces conclusions, Londres a réitéré jeudi ses accusations contre Moscou.

«Il ne peut y avoir aucun doute sur ce qui a été utilisé et il n'y a pas d'explication alternative sur le responsable - seule la Russie a les moyens, le mobile et l'expérience en la matière», a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, dans un communiqué.

«Nous n'avons jamais douté de l'analyse menée par nos scientifiques de Porton Down», le laboratoire militaire britannique qui avait mis un nom sur le poison, a-t-il ajouté. «Le Kremlin doit apporter des réponses».

Le chef de la diplomatie a convoqué une réunion de l'OIAC le 18 avril pour «étudier la suite».

«Nous travaillerons sans relâche avec nos partenaires pour arrêter l'utilisation inadmissible d'armes de ce type et nous avons convoqué une session du conseil exécutif de l'OIAC pour mercredi prochain», a-t-il souligné.

L'OIAC a précisé que le nom et la structure de la substance chimique identifiée étaient contenus dans «le rapport classifié complet» disponible pour les États membres. Début avril, la Russie n'était pas parvenue à convaincre l'organisation de l'inclure dans l'enquête sur l'empoisonnement des Skripal et avait porté le dossier devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

En septembre 2017, le président Vladimir Poutine a déclaré que la Russie avait détruit ses dernières réserves d'armes chimiques héritées de l'époque de la Guerre froide, conformément aux termes de la Convention de 1997 sur l'interdiction des armes chimiques.

Ioulia Skripal a pu sortir de l'hôpital lundi, un mois et demi après son admission en soins intensifs dans un état critique. Le policier blessé avait lui déjà quitté l'hôpital.

L'état de son père est en constante amélioration mais il reste hospitalisé, selon les médecins qui le suivent. Ioulia était venue de Russie lui rendre visite à Salisbury, où l'ex-espion vit après avoir fait l'objet d'un échange de prisonniers avec Moscou en 2010 alors qu'il purgeait une peine de 13 ans de prison pour avoir collaboré avec les services britanniques.