Moscou «ne se pliera jamais aux ultimatums» de l'Occident, a déclaré lundi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov devant les diplomates russes expulsés après l'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal en Angleterre début mars.

«Vous savez que nous répondons de façon adéquate. Nous n'allons jamais céder face aux ultimatums, ce n'est pas le langage qu'il faut tenir avec la Russie», a-t-il déclaré lors de cette rencontre retransmise à la télévision.

«L'expulsion pour des raisons totalement inventées de 150 diplomates russes de presque 30 pays, c'est une provocation sans précédent qui n'a rien à voir avec la tâche de promouvoir la coopération internationale», a-t-il poursuivi.

L'empoisonnement dans le sud de l'Angleterre de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, attribué à Moscou par Londres, a provoqué une grave crise diplomatique entre la Russie et les pays occidentaux, qui s'est traduite par la plus grande vague d'expulsions croisées de diplomates de l'histoire récente.

Parmi les près de 150 diplomates russes expulsés, 60 étaient en poste aux États-Unis et ont dû quitter le pays le 31 mars.

«Les Américains ont réagi comme des écoliers», a expliqué à l'AFP Konstantin Rogozine, qui a été en poste à l'ambassade russe à Washington pendant plus de trois ans. «Les gens ordinaires (aux États-Unis) nous ont très bien traités, ceux qui sont au pouvoir sont très éloignés du peuple», a-t-il ajouté.

L'état de santé de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, longtemps jugé critique, s'améliore rapidement, ont indiqué les services de santé britanniques.

Affaire Skripal: tout désigne la Russie, insiste Theresa May

La première ministre britannique Theresa May a réitéré lundi ses accusations à l'encontre de Moscou dans l'empoisonnement de Sergueï Skripal, affirmant que seule la Russie en avait «les capacités, la volonté et le mobile».

«Il n'y a aucune explication plausible à part la responsabilité de la Russie. Aucun autre pays ne dispose à la fois des capacités, de la volonté et du mobile pour mener une telle action», a déclaré Mme May à l'issue d'un entretien avec son homologue danois Lars Lokke Rasmussen à Copenhague.

Les sanctions «envoient un signal fort à la Russie que ses activités illégales et de déstabilisation ne seront pas tolérées», a souligné Theresa May.

Mme May a fustigé «les menaces posées par la Russie à notre sécurité sur plusieurs fronts», citant «une campagne continue de cyberespionnage et de perturbation (des processus électoraux, NDLR), y compris contre le Danemark».

Elle a par ailleurs mis en garde le régime syrien de Bachar al-Assad et «ses soutiens, dont la Russie», qui devront rendre des comptes si l'attaque chimique présumée de samedi contre la zone rebelle de la Ghouta (Syrie) était confirmée.