La Seine continuait sa lente montée à Paris samedi, en attendant le pic de crue prévu en toute fin de week-end, tandis que la situation s'améliorait en amont de la capitale, a indiqué Vigicrues.

Alors que vendredi le pic était prévu entre 5,80 et 6 mètres « lors du week-end », Vigicrues a affiné sa prévision samedi après-midi : environ 5,95 m dans la nuit de dimanche à lundi, soit moins que la crue de juin 2016 (6,10 m)

À la station du pont d'Austerlitz, samedi après 16 h (10, HE), la Seine était à 5,73 m.

« La montée est un petit peu plus lente que prévu, donc le maximum attendu est décalé dans la soirée de dimanche à lundi », a déclaré à l'AFP une porte-parole de l'organisme de surveillance, Rachel Puechberty.

L'eau marron clair atteignait samedi les cuisses du Zouave du pont de l'Alma. Non loin, les bateaux-mouches, interdits de navigation, restaient à quai, et seuls les sapeurs-pompiers circulaient. Des voies sur berge noyées, n'émergeaient que des rangées d'arbres, quelques panneaux et des poubelles flottant à la surface de l'eau.

« Le zouave est dans la flotte ! », s'exclamait samedi matin un cycliste en gilet jaune, s'arrêtant pour photographier la célèbre statue. Badauds et joggeurs étaient nombreux à prendre un cliché de ce « repère » traditionnel de la montée des eaux.

Alors que deux personnes à bord d'un canoë gonflable ont été verbalisées samedi matin près de la gare d'Austerlitz, la préfecture a rappelé qu'il était « interdit et surtout extrêmement dangereux de faire du canoë ou de se baigner dans la Seine, dont le débit est actuellement de 1600 m2 par seconde », selon le lieutenant-colonel Olivier Gaudard.

« Ce pic est un plateau »

En amont de la capitale, la situation s'améliorait petit à petit. Vigicrues a ainsi abaissé samedi en vigilance « jaune », contre « orange » auparavant, plusieurs tronçons de cours d'eau du Bassin parisien : Seine amont (département de l'Aube), Yonne aval (Yonne et Seine-et-Marne) et Armançon (Aube, Côte-d'Or et Yonne).

« En aval de Paris, sur les boucles de la Seine, la hausse se poursuivra jusqu'en début de semaine », a ajouté l'organisme de surveillance.

« Ce pic de crue est plutôt un plateau », a souligné François Duquesne, directeur de Vigicrue, lors d'une conférence de presse samedi après-midi. « Il nous faudra attendre plusieurs jours pour que cette décrue s'amorce franchement à Paris, donc à partir de mardi-mercredi ».

« Si l'on parle de revenir complètement à la normale, cela se comptera en semaines », a ajouté le patron des services de l'État chargés de l'Environnement à la région (DRIEE), Jérôme Goellner.

Au total, 1000 personnes ont été évacuées en Île-de-France, a indiqué la préfecture de police samedi. Et un peu moins de 1500 foyers sur 6,2 millions sont privés d'électricité, selon Enedis, gestionnaire du réseau.

En Seine-et-Marne, 12 communes étaient touchées par des restrictions d'usage d'eau potable.

Côté transports, sept gares parisiennes du RER C, en bordure du fleuve, restaient fermées jusqu'à nouvel ordre. Ni les gares ni les voies ne sont inondées mais les travaux de sécurisation ne permettent pas aux trains de circuler.

Les crues qui touchent diverses régions françaises en cette fin janvier sont dues à des précipitations importantes sur des sols gorgés d'eau. Le bimestre décembre-janvier est l'un des trois plus pluvieux depuis le début des relevés en 1900, selon Météo-France.

« Les sols sont gorgés d'eau, donc c'est un facteur de vulnérabilité s'il devait encore y avoir de fortes précipitations plus tard dans l'hiver », a prévenu Hervé Vanlaer, directeur général adjoint à la prévention des risques au ministère de la Transition écologique.

Météo plus favorable

Les prévisions sont moins pluvieuses pour la semaine à venir. Météo France laissait encore samedi 12 départements « en vigilance orange en raison des crues sur les bassins de la Seine, de la Saône et de leurs affluents », mais leur nombre devrait baisser.

Même si cette crue 2018 a été importante, on a évité le scénario catastrophe d'une crue historique comme celle de 1910, où la Seine avait atteint 8,62 m. Ailleurs en France, ne restaient en vigilance « orange » d'après Vigicrues qu'un tronçon de la Saône et un autre du Doubs, un de ses affluents. À Chalon-sur-Saône et Verdun-sur-le-Doubs (Saône-et-Loire), où l'eau a beaucoup monté, la décrue devrait commencer dimanche.

Globalement, « les décrues sont désormais bien amorcées sur la majorité des parties amont des cours d'eau », a résumé Vigicrues.