La cellule djihadiste responsable des attentats en Catalogne préparait une bombe beaucoup plus meurtrière et des ingrédients de TATP, explosif prisé par l'EI qui l'a baptisé «la mère de Satan», ont été retrouvés par la police dans son laboratoire détruit par une explosion.

Des détails sur les préparatifs de la cellule sont fournis par l'ordonnance mardi du juge madrilène qui a inculpé deux des quatre membres du groupe encore en vie pour «assassinats terroristes» et «possession d'explosifs».

Dans les décombres d'une maison qui a explosé mercredi dernier à Alcanar, à 200 km au sud de Barcelone, les enquêteurs ont mis la main sur 120 bonbonnes de butane, «500 litres d'acétone, de l'eau oxygénée, du bicarbonate, une grande quantité de clous qui devaient être utilisés comme mitraille et des détonateurs pour déclencher l'explosion».

La police estime disposer d'indices prouvant que la cellule fabriquait du «peroxyde d'acétone, alias TATP, souvent utilisé par l'organisation terroriste Daesh (acronyme désignant le groupe djihadiste État islamique, NDLR) lors de ces actions terroristes, comme lors des attentats de Paris et Bruxelles».

Les 1er et 2 août 2017, les hommes ont acheté au moins 500 litres d'acétone, le principal composant du TATP, ainsi que «des composants nécessaires à la confection d'engins explosifs».

Le TATP, un acronyme pour «triacetone triperoxide» en anglais, est surnommé la «mère de Satan» par les groupes radicaux, qui ont mis en ligne des manuels pratiques expliquant, photos, croquis ou films à l'appui, comment le fabriquer.

Cet explosif artisanal possède un redoutable pouvoir détonant et peut s'élaborer à partir d'ingrédients du commerce. On l'obtient en mélangeant, dans des proportions précises, de l'acétone, de l'eau oxygénée et un acide (sulfurique, chlorhydrique ou nitrique), produits que l'on trouve dans les drogueries ou autres magasins de bricolage.

La partie la plus délicate est l'ajout d'acide au mélange d'acétone et d'eau oxygénée, qui dégage de la chaleur, de fortes émanations et peut s'enflammer.

D'après l'ordonnance, c'est en manipulant ces ingrédients que les comploteurs ont provoqué l'explosion, tuant deux d'entre eux et en blessant un troisième, dont le témoignage a permis de reconstituer leur projet.

Quelques heures plus tard, privés de leur arsenal, les jihadistes utilisaient des voitures pour se lancer dans la foule, tuant au total 15 personnes dans deux attentats revendiqués par l'EI.