Le prince Philip, 96 ans, a honoré mercredi son 22 219e et dernier engagement officiel en solo au palais de Buckingham à Londres, mettant ainsi un terme, sous une pluie battante, à une vie d'obligations publiques, lui qui se destinait à une carrière militaire.

Le duc d'Édimbourg, vêtu d'un imperméable beige et d'un chapeau melon noir, a passé en revue durant une vingtaine de minutes, dans l'après-midi, une parade des Royal Marines, une unité de la Royal Navy, la marine britannique au sein de laquelle il a servi pendant la Seconde Guerre mondiale.

Quelques centaines de personnes abritées sous des parapluies étaient venues assister, devant les grilles du palais, à la dernière sortie individuelle de celui qui secondait son épouse Elizabeth II depuis son accession au trône en 1952, affichant le record de longévité des princes consorts britanniques.

«Nous regretterons son absence de la scène publique mais la jeune relève est assurée», a déclaré à l'AFP William Cook, 89 ans, qui avait fait le déplacement de la banlieue londonienne d'Edgeware avec sa femme. «Je pense qu'il a donné un magnifique exemple et qu'elle ne pourra pas faire mieux», a-t-il cependant ajouté.

Cette cérémonie a mis un point final à 65 ans d'un parcours qui a conduit le prince Philip à honorer au total 22 219 engagements en solo, effectuer 637 visites officielles à l'étranger et prononcer près de 5500 discours, selon des statistiques compilées par le palais de Buckingham.

D'un tempérament fougueux et doté d'un humour réputé corrosif, il s'était décrit comme «l'expert mondial des inaugurations de plaques». Mais sa disposition contre le «politiquement correct» lui a aussi fait commettre des gaffes, parfois aux relents xénophobes. «Vous vous battez toujours à coups de lances?», a-t-il ainsi demandé à un Aborigène lors d'une visite en Australie en 2002.

«Il est un mélange de drôlerie et de rigueur», a déclaré son biographe, Gyles Brandreth, sur la radio BBC 4, estimant qu'il était «le membre le plus occupé de la famille royale».

«Ne jamais laisser tomber la reine»

Selon une porte-parole du palais, le duc d'Édimbourg continuera, quand il en aura envie, d'accompagner la reine lors de ses apparitions publiques, ce qui signifie qu'il ne se retirera pas totalement de la vie publique.

«Mon premier, second et ultime emploi est de ne jamais laisser tomber la reine», avait-il affirmé il y a quelques années.

«C'est un homme qui a toujours fait passer son pays avant tout», a souligné le quotidien Daily Telegraph dans un éditorial.

Sa retraite avait été annoncée au mois de mai, le palais assurant alors que cette décision n'était pas justifiée par des questions de santé alors qu'Elizabeth II et son époux avaient dû renoncer à assister à plusieurs événements autour de Noël en raison d'un gros rhume.

Au mois de juin, le prince Philip avait dû être hospitalisé deux nuits pour soigner «une infection liée à une pathologie existante».

Un assistant de la famille royale avait souligné que le prince Philip était «impatient de profiter davantage de son temps libre».

La reine, qui à 91 ans est la doyenne mondiale des monarques, a aussi diminué le nombre de ses apparitions publiques, même si elle n'entend nullement abdiquer. Son fils et héritier, le prince Charles, la représente de plus en plus dans les voyages à l'étranger, tout comme ses petits-fils Harry et William.

Ce dernier, deuxième dans l'ordre de succession à la couronne britannique, a abandonné fin juillet son métier de pilote d'hélicoptère-ambulance pour se consacrer pleinement à son rôle de prince.

Le couple royal pourrait néanmoins occuper de nouveau le devant de la scène cette année à l'occasion de la célébration de ses noces de platine, 70 ans après son mariage, le 20 novembre 1947, en l'abbaye de Westminster.

Malgré des caractères assez différents, Elizabeth II et son époux ont toujours affiché leur unité, faisant d'eux «l'un des partenariats les plus grands et aimés de l'histoire britannique», selon le Telegraph.