Le Parlement européen a levé jeudi l'immunité de la dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen, vaincue au second tour de l'élection présidentielle par le centriste Emmanuel Macron, à la demande de la justice française, pour une affaire de diffamation.

Les élus européens ont estimé n'avoir aucune raison de soupçonner que cette procédure judiciaire française soit motivée par une «intention de nuire à l'activité parlementaire ou politique de Marine Le Pen» et ont donc approuvé à main levée la levée de son immunité.

Mme le Pen, présidente du Front national (FN), est accusée de diffamation par le maire de droite de Nice (sud-est) Christian Estrosi. Elle avait affirmé en mai 2015 qu'il finançait l'Union des organisations islamiques de France (UOIF, aujourd'hui renommée Musulmans de France), qui fédère 250 associations et défend un islam conservateur, par le biais d'un loyer très modéré pour une mosquée. 

À une question d'un journaliste, «Estrosi, complice des djihadistes?», Mme Le Pen avait répondu: «lorsque l'on aide le fondamentalisme islamiste à s'installer, à diffuser, à recruter (...) quelque part, moralement, oui, on est un peu complice». 

Cette procédure n'a rien à voir avec une autre demande de levée de l'immunité parlementaire de Mme Le Pen, également transmise au Parlement européen par la justice française, mais concernant cette fois l'enquête sur le caractère potentiellement fictif des emplois de certains assistants parlementaires européens du FN. Cette demande est en cours d'étude selon la procédure habituelle.

Mme Le Pen n'a pas assisté jeudi au vote la concernant: elle mène campagne pour le deuxième tour des élections législatives, où elle est bien placée pour l'emporter dans son fief d'Hénin-Beaumont (nord). Si elle était élue à l'Assemblée nationale, la présidente du FN devrait quitter le Parlement européen, où elle siège depuis 2004.

Mercredi, le Parlement européen avait levé l'immunité parlementaire du père de la responsable d'extrême droite, Jean-Marie Le Pen, président d'honneur du FN, mis en cause par la justice française pour avoir déclaré en août 2009 que «90 % des faits divers ont à leur origine soit un immigré, soit une personne d'origine immigrée». De ce fait, il est visé par une information judiciaire ouverte pour «diffamation publique» à caractère raciste.