C'est par la virile poignée de main de Donald Trump et un baptême à l'OTAN qu'Emmanuel Macron a fait jeudi son entrée parmi les grands de ce monde à Bruxelles, même si le nouveau président français est loin d'être un novice sur la scène internationale.

Certes, Emmanuel Macron, élu le 7 mai et investi une semaine plus tard dans ses fonctions, avait entamé son mandat par un déplacement à Berlin et s'était rendu quelques jours plus tard au Mali pour rendre visite aux troupes françaises. Mais il s'agissait de deux figures imposées.

C'est donc en rencontrant Donald Trump qu'il a fait ses premiers pas sur la scène diplomatique mondiale.

Le président américain a semblé tester son jeune collègue, de plus de 30 ans son cadet, avec son habituelle poignée de main aux allures de bras de fer à laquelle Emmanuel Macron à semblé résister, figé dans son fauteuil, un sourire légèrement crispé sur les lèvres.

Donald Trump a célébré la «formidable victoire» électorale du Français, ces deux dirigeants ayant en commun d'avoir été des outsiders dans leurs courses respectives à la présidence.

«Vous étiez mon homme!», a-t-il même lancé pendant leur déjeuner à l'ambassade des États-Unis à Bruxelles, affirmant qu'en dépit de ce qu'avaient rapporté le médias, il n'avait pas soutenu la candidate du Front national (extrême droite) Marine Le Pen.

L'incertitude sur les intentions américaines à l'égard de l'accord de Paris sur le climat constituait cependant le plat de résistance de ce repas. Et sur ce point, le message d'Emmanuel Macron à son homologue américain, toujours hésitant, a tenu en quelques mots : pas de «décision précipitée».

Autre moment fort de la journée du nouveau chef de l'État français : une rencontre avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Rompant avec la discrétion observée par son prédécesseur François Hollande à l'étranger sur la question des droits de l'homme, l'Elysée a fait savoir qu'Emmanuel Macron était «intervenu en faveur» d'un photojournaliste français, Mathias Depardon, détenu depuis une quinzaine de jours en Turquie.

En réponse, a ajouté la présidence française, l'homme fort d'Ankara a affirmé qu'il examinerait «rapidement (la) situation» du jeune homme en grève de la faim pour protester contre sa détention.

Pas «eurobéat»

Emmanuel Macron a aussi profité de ce premier déplacement à Bruxelles pour marquer sa différence sur les questions européennes.

«Je suis favorable à l'Europe, cela ne veut pas dire que je suis eurobéat», a-t-il prévenu aux côtés du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Dès son arrivée dans la capitale belge, en fin de matinée, il avait réaffirmé sa volonté de «refonder» l'Europe après un entretien avec le Premier ministre belge Charles Michel.

«J'ai été élu le 7 mai dernier par le peuple français sur la base d'un projet qui était largement européen et en gagnant face aux tentatives de repli, de rétrécissement et de destruction de l'Europe», a-t-il expliqué.

«Cette refondation européenne, celle qu'ensemble nous allons porter, ça sera la responsabilité de notre génération», a plaidé le jeune président.

Une journée cruciale donc pour Emmanuel Macron, même s'il était loin de se trouver en terre inconnue.

Celui qui prônait au cours de sa campagne «une France forte dans une Europe qui protège» n'ignore rien de la mécanique des sommets européens et internationaux.

«Ce qu'il vit actuellement en tant que président de la République, il a eu à le vivre en tant que conseiller économique du président Hollande il y a cinq ans», relevait Gaspard Gantzer, qui fut lui-même le «communicant» de l'ex-président socialiste.

«Il était son principal collaborateur sur tous les sujets économiques, chargé, avec d'autres, de la préparation des sommets européens mais aussi du G8 ou du G20, ce qui lui a permis de nouer des relations avec la chancelière allemande Angela Merkel et ses conseillers et de croiser Vladimir Poutine», s'est-il souvenu.

Dans la foulée, Emmanuel Macron partira vendredi pour le G7 de Taormina, en Italie. Puis il recevra lundi le président russe dans le cadre très royal château de Versailles, près de Paris, un autre test diplomatique majeur, avant le G20 de Hambourg, en Allemagne, début juillet.

AFP

Emmanuel Macron et Jean-Claude Juncker.