Deux proches collaborateurs de Marine Le Pen ont été placés en garde à vue mercredi pour des soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen, une affaire qui ne semble guère affecter la solide cote de popularité de la candidate d'extrême droite à la présidentielle française.

En tête dans les sondages au premier tour avec plus d'un quart des intentions de vote, la députée européenne a dénoncé mercredi une «cabale politique». «Les Français savent exactement faire la différence entre les vraies affaires et les cabales politiques», a-t-elle déclaré, dans une allusion directe au candidat conservateur François Fillon.

Au départ grand favori de la campagne électorale, M. Fillon a violemment dévissé dans l'opinion publique après l'ouverture d'une enquête, également pour des soupçons d'emplois fictifs, au profit de son épouse Penelope et de deux de ses enfants. Il opère ces derniers jours une légère remontée dans les sondages, à deux mois du premier tour.

Mercredi, le garde du corps de Marine Le Pen et sa chef de cabinet, Thierry Légier et Catherine Griset, étaient entendus près de Paris par la police anticorruption. Deux jours auparavant, le siège du parti d'extrême droite Front national (FN) avait été perquisitionné.

Les enquêteurs se demandent si le FN a mis en place un système pour que le Parlement européen paie sur ses deniers des salaires d'employés qui avaient signé des contrats d'assistants parlementaires, mais travaillaient en fait pour le FN en France.

L'institution européenne réclame à Marine Le Pen près de 340 000 euros de remboursement sur les salaires versés et a déjà commencé mi-février à recouvrer ces sommes en amputant de moitié de son indemnité.

L'écart se réduit

Ces déboires judiciaires ne semblent pas pour l'instant influer sur l'opinion des Français. L'autoproclamée candidate des «invisibles», qui dit parler contre le système et «au nom du peuple», a même plutôt profité du scandale qui a éclaboussé son rival de droite, parti en campagne sur le thème de la probité et de la transparence.

Galvanisée par le Brexit et l'élection de Donald Trump aux États-Unis, la candidate de 48 ans fait depuis janvier la course largement en tête (de 26 à 28 % des intentions de vote au premier tour) en dépit du dossier des assistants parlementaires européens ou encore du prochain procès en correctionnelle sur les campagnes électorales 2012 du FN dont la justice doit fixer la date.

Certes, pour l'instant, tous les sondages la donnent perdante au second tour en mai, quel que soit son rival. Et ce malgré d'intenses efforts pour adoucir son image et celle du parti fondé par son père, le sulfureux Jean-Marie Le Pen, célèbre pour ses diatribes antisémites et xénophobes.

Toutefois, les plus récents sondages, ces derniers jours, montrent que l'écart se réduit entre la candidate et ses adversaires potentiels, François Fillon ou le centriste Emmanuel Macron, qui a su s'imposer comme le troisième homme de la campagne et engrange des soutiens de poids au fil des mois.

Pour le duel final, François Fillon l'emporterait avec 56 % des voix contre 44 % à Marine Le Pen, selon un sondage Elabe publié mardi. Bien loin du score de 64 % - 36 % pronostiqué par l'institut Ifop début janvier, avant que n'éclate le scandale dit du «Penelopegate».

Pour François Miquet-Marty, de l'institut Viavoice, «au moins statistiquement», l'hypothèse d'une victoire de la candidate anti-immigration et anti-euro n'est plus exclue. «Quand on est à 43 % à quelques semaines d'un second tour, on n'est pas loin de 50 %», souligne-t-il.