Six suspects, dont le cerveau présumé du braquage spectaculaire de Kim Kardashian en octobre à Paris, ont été inculpés et incarcérés vendredi, portant à dix le nombre de personnes mises en cause dans cette affaire.

Dans la nuit du 2 au 3 octobre, pendant la Fashion Week parisienne, cinq hommes avaient pénétré armés dans la résidence hôtelière de luxe où la vedette de télé-réalité se trouvait sans son garde du corps, pour la dévaliser de 9 millions d'euros de bijoux.

Arrivés à pied ou à vélo, puis masqués et vêtus de blousons de police, les braqueurs avaient neutralisé le veilleur de nuit, puis deux d'entre eux étaient montés dans l'appartement de Kim Kardashian. Une arme braquée sur sa tempe, ils l'avaient ligotée et bâillonnée avant de l'enfermer dans la salle de bains et de repartir avec ses bijoux.

Parmi les personnes inculpées figurent quatre des cinq membres présumés du commando de braqueurs, âgés de 54 à 72 ans, dont le chef présumé, âgé de 60 ans.

Selon le parquet de Paris, ces quatre suspects ont été inculpés pour vol avec arme en bande organisée, enlèvement et séquestration, et association de malfaiteurs. Les mêmes faits ont été retenus à l'encontre du fils du «chef», âgé de 29 ans, qui aurait fait le chauffeur. La sixième personne mise en examen est une femme.

Tous ont été placés en détention provisoire.

Il a fallu trois mois d'enquête pour aboutir lundi à un vaste coup de filet «au terme d'un travail remarquable de la brigade de répression du banditisme», selon le parquet, même si les bijoux restent à ce jour introuvables.

Vieux clients du banditisme

Certains des inculpés «ont reconnu» leur implication, selon une source proche de l'enquête, et quatre d'entre eux ont été inculpés jeudi. C'est le cas d'un premier braqueur présumé, un homme de 63 ans qui affirme avoir seulement joué un rôle de guetteur.

Trois autres complices ont également été inculpés, notamment le frère du chauffeur qui avait véhiculé Kim Kardashian pendant la Fashion Week et renseigné l'équipe de braqueurs sur l'emploi du temps de la jeune femme. Un autre est suspecté d'avoir participé à l'écoulement du butin à Anvers (Belgique), capitale mondiale de la joaillerie.

L'enquête met en lumière le profil d'hommes expérimentés et connus depuis longtemps dans le milieu français du banditisme: quatre ont déjà été condamnés dans les années 80 ou 90, pour vol aggravé, braquage ou trafic de stupéfiants.

L'ADN d'un des inculpés avait été retrouvé rapidement sur un des liens qui ont servi à entraver la starlette de 36 ans. Il avait alors été mis sous surveillance et ses contacts ont permis de remonter au reste de l'équipe.

Connu dans le milieu du grand banditisme, cet homme avait été condamné en 1985 à sept ans de prison pour vol aggravé.

L'un des autres braqueurs présumés, un homme de 61 ans surnommé «Yeux bleus», est une vieille connaissance de la justice, depuis 1975. Il a notamment été condamné en 2003 à huit ans et demi de prison, soupçonné d'avoir réceptionné deux tonnes de drogue à l'aéroport parisien du Bourget.

Le doyen de l'équipe, 72 ans, avait été condamné à 6 ans de prison pour trafic de stupéfiants en bande organisée. Quant au cadet, âgé de 54 ans, il compte neuf mentions sur son casier judiciaire. Son avocat, Manuel Abitbol, s'est dit «scandalisé» par cette mise en cause, arguant que son alibi n'avait pas été vérifié.