L'Europe n'est « pas finie » après le Brexit, a affirmé lundi le chef du gouvernement italien Matteo Renzi lors d'une conférence de presse sur le porte-aéronefs Garibaldi, au large de l'île italienne de Ventotene, aux côtés d'Angela Merkel et de François Hollande.

« Beaucoup pensaient après le Brexit que l'Europe était finie. Ce n'est pas le cas », a-t-il déclaré, peu avant un dîner de travail avec la chancelière allemande et le président français. Les trois dirigeants cherchent les moyens de relancer l'Union européenne après l'électrochoc du référendum britannique du 23 juin en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l'UE.

« Le risque majeur, ça vaut pour l'Europe comme pour les nations, c'est la dislocation, la fragmentation, l'égoïsme, le repli », a indiqué de son côté le président français.

Le Brexit et ses conséquences sur l'avenir de l'UE ont très vite rassemblé les dirigeants français, italien et allemand. Lors d'un précédent mini-sommet à Berlin le 27 juin, ils avaient ainsi appelé à une « nouvelle impulsion » pour l'Europe.

Leurs retrouvailles lundi en Méditerranée interviennent trois semaines avant un sommet européen extraordinaire prévu le 16 septembre à Bratislava et convoqué après le coup du tonnerre du Brexit.

M. Hollande a précisé les priorités de la France pour ce sommet extraordinaire à 27 sans la Grande-Bretagne: la sécurité, la défense et la jeunesse, évoquant un élargissement du programme Erasmus d'échanges universitaires.

Mme Merkel a indiqué de son côté que la crise migratoire à laquelle fait face l'Union européenne, et l'Allemagne en particulier, serait l'un des sujets de ce dîner de travail.

Les trois dirigeants s'étaient auparavant recueillis sur la tombe d'Altiero Spinelli, auteur d'un plaidoyer fédéraliste, sur l'île voisine de Ventotene. M. Renzi a plusieurs fois fait référence aux écrits de celui considéré comme l'un des grands inspirateurs du projet européen, que Benito Mussolini avait emprisonné en 1941 sur cette petite île, entre Rome et Naples.

Mais aucun des trois dirigeants n'a fait référence à ce projet fédéraliste, au moment où les mouvements populistes ont le vent en poupe en Europe.

« Il est très facile de se plaindre, de trouver des boucs émissaires. L'Europe est le bouc émissaire parfait », a expliqué M. Renzi, appelant à ne pas oublier que l'Europe c'est aussi « la liberté, la paix et la prospérité ».

« L'Europe est la plus importante opportunité qu'ont les jeunes générations », a-t-il assuré.

Mais, a-t-il ajouté, il faut pour y parvenir prendre des « mesures fortes pour relancer la croissance et lutter contre le chômage des jeunes », et « revenir à l'Europe des valeurs, plutôt qu'à celle de la finance ».

Mme Merkel s'est montrée plus prudente, jugeant que le pacte de stabilité budgétaire en Europe permettait déjà « beaucoup de flexibilité que nous pouvons utiliser de manière intelligente ».