Le gouvernement socialiste français a lâché du lest mercredi sur sa réforme contestée du droit du travail, dans l'espoir d'apaiser la fronde dans son propre camp, mais sans convaincre les syndicats organisateurs depuis quatre mois de manifestations et grèves à répétition.

La ministre du Travail, Myriam El Khomri, a annoncé dans le journal Le Monde que le gouvernement allait déposer de « nouveaux amendements » à son projet de loi pour « réaffirmer » le rôle des branches professionnelles, sujet au coeur du débat.

Le gouvernement souhaite avec sa réforme donner plus de place à l'accord d'entreprise, au détriment des accords de branche, un principe applaudi par les syndicats dits « réformistes » et le patronat. Mais les détracteurs du texte s'inquiètent d'un éventuel « dumping social ».

L'annonce de nouveaux amendements sur ce point épineux est intervenue juste après une rencontre de la ministre avec le groupe parlementaire socialiste, dont plusieurs membres refusent jusque-là de voter le texte.

Face à cette rébellion, l'exécutif était passé en force en première lecture, grâce à une arme constitutionnelle lui épargnant un vote des députés. Pour l'adoption finale du texte, il espère ne pas avoir à dégainer à nouveau cette arme, très impopulaire.

« Un compromis est à portée de main », a ensuite réagi le chef de file des députés socialistes frondeurs, Christian Paul, tout en demandant au gouvernement d'aller un cran plus loin en refusant aux accords d'entreprises la possibilité de moins rémunérer les heures supplémentaires.

À l'inverse, le patron des patrons Pierre Gattaz, s'est dit en « alerte rouge ». « Cette loi, si elle se déforme encore, ce sera du chômage », a-t-il ajouté, alors que l'exécutif a déjà renoncé à certains points contestés de son projet initial.

Parallèlement, le gouvernement a renoué le dialogue avec l'ensemble des organisations syndicales et patronales, reçues tour à tour de mercredi à jeudi.

À l'issue de la rencontre, Philippe Martinez, secrétaire général de la centrale contestataire CGT (Confédération générale du travail), a estimé que le « profond désaccord » avec le premier ministre Manuel Valls persistait sur le projet de la loi travail dont les « petites avancées sont très loin du compte ». Il a maintenu la « journée d'action » prévue mardi 5 juillet.

L'autre syndicat à la pointe de la grogne, FO (Force ouvrière), a lui salué un « progrès », mais l'a jugé « insuffisant pour une sortie par le haut ».

La fronde sociale, d'une ampleur inédite sous un gouvernement socialiste, a été marquée depuis mars par onze jours de manifestations, certaines émaillées de violences, des grèves et des actions coup de poing dans le secteur des raffineries ou des déchets.