La police turque a fait usage de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc pour disperser une cinquantaine de membres de la communauté LGBT réunis près de la fameuse place Taksim d'Istanbul, a constaté un photographe de l'AFP.

Plusieurs centaines de policiers antiémeutes ont assiégé les abords de cette place emblématique de la rive européenne de la mégapole pour empêcher cette manifestation baptisée « trans pride » en plein Ramadan.

Les militants de la cause LGBT (lesbienne, gai, bisexuels et transsexuels) avaient été rejoints par une centaine de sympathisants de la cause.

Devant l'assaut des forces de l'ordre, ils se sont enfuis dans les ruelles adjacentes. Au moins deux manifestants ont été interpellés, selon les médias turcs

Les manifestants s'étaient réunis devant un de leurs locaux situé près de Taksim. Ils ont d'abord déployé un drapeau aux couleurs arc-en-ciel LGBT, puis l'un d'eux a voulu lire un communiqué aux nombreux journalistes regroupés sur les lieux, avant d'être empêché par un chef de la police.

Cette « trans pride » s'inscrit dans le cadre de la semaine LGBT en Turquie. Mais les autorités d'Istanbul ont annoncé vendredi avoir interdit la parade de la fierté gaie qui devait avoir lieu le 26 dans la ville, afin de « préserver la sécurité et l'ordre public » suscitant l'indignation de la société civile.

Peu avant l'intervention policière de dimanche, une dizaine de manifestants antiguais qui ont fait irruption près de Taksim ont été arrêtés par les forces de sécurité, a rapporté l'agence de presse Dogan.

« Nous sommes des Ottomans, nous ne voulons pas de ces gens ici! », a scandé l'un d'eux, selon les images.

Un groupuscule ultranationaliste avait demandé en début de semaine aux autorités d'annuler l'événement, avertissant qu'il se chargerait lui-même de l'empêcher si son appel n'était pas entendu.

La traditionnelle « marche des fiertés » d'Istanbul a eu lieu à 12 reprises sans incident ces dernières années, des milliers de personnes y prenant part pour défendre les droits des minorités LGBT, devenant la plus importante du genre dans un pays musulman du Moyen-Orient.

Les autorités ont interdit tous les rassemblements sur la place Taksim, qui sont systématiquement dispersés par la force, depuis une fronde antigouvernementale qui y est née en juin 2013 contre la « dérive islamiste » et « autoritaire » du président islamoconservateur Recep Tayyip Erdogan.

Photo OSMAN ORSAL, Reuters

Deux jeunes femmes s'embrassent, à Istanbul, dimanche, lors de la parade interdite.