La mairesse de la ville allemande de Cologne, théâtre à la veille du Nouvel An d'une vague d'agressions sexuelles, faisait mercredi l'objet de critiques et quolibets, particulièrement sur Twitter, pour son conseil donné aux femmes de se tenir à bonne distance des inconnus.

Henriette Reker, mairesse sans étiquette de la métropole rhénane, a recommandé mardi aux femmes de respecter «une certaine distance, plus longue que le bras» avec les inconnus pour se protéger d'éventuels assauts. Elle s'exprimait lors d'une conférence de presse suite aux agressions sexuelles qui ont choqué toute l'Allemagne, et en réponse à une question sur le meilleur moyen de se protéger.

Son conseil a déclenché une vague de commentaires sarcastiques sur Twitter, le mot-clic #ArmlaengeAbstand, mot allemand pour «distance de plus d'un bras», s'imposant rapidement mercredi dans les cinq plus partagés en Allemagne.

L'Inspecteur Gadget avec un bras télescopique, ou les déesses hindoues aux bras multiples faisaient partie des références utilisées, et les commentaires allaient bon train. «Les effets pernicieux d'une distance de plus d'un bras... Je ne peux plus payer à la caisse», se moquait une utilisatrice;  «je ne me suis plus sentie autant en sécurité que depuis que je me promène les bras écartés», ironisait une autre, tandis qu'un commentateur faisait valoir que «si les gens dans les régions en guerre savaient ça, il n'y aurait plus aucun problème!».

«Shame on you» («honte à vous»), s'indignait une utilisatrice, outrée qu'on suggère «aux femmes de changer de comportement et pas aux agresseurs».

Un point de vue également exprimé par la ministre de la Famille, des Femmes et de la Jeunesse, Manuela Schwesing, qui sur Twitter, a affirmé: «nous n'avons pas besoin de règles de comportement pour les femmes, ce sont les auteurs des faits qui doivent rendre des comptes».

Le ministre de la Justice Heiko Maas y est lui aussi allé de son commentaire sur le réseau social: «Ce ne sont pas les femmes qui portent la responsabilité» de ces agressions, a-t-il jugé.

Mme Reker s'est défendue mercredi, déplorant selon des propos rapportés par l'agence DPA que «les comptes-rendus raccourcis dans la presse (de ses propos) aient pu donner l'impression que (ses) mesures de prévention se limitent à des recommandations aux femmes et aux jeunes filles quant à leur comportement».

Mairesse de Cologne depuis octobre 2015, Mme Recker avait été poignardée la veille de son élection par un homme revendiquant des motivations racistes, mais avait maintenu sa candidature.

La nuit du réveillon du Nouvel An, au moins une centaine de femmes ont été victimes sur une grande place de Cologne d'attouchements et de vols, commis par plusieurs dizaines de jeunes hommes d'origine apparemment immigrée.