Le tribunal correctionnel de Lyon (centre-est) a relaxé (acquitté) mardi la présidente du parti d'extrême droite Front national, Marine Le Pen, poursuivie pour incitation à la haine après avoir comparé, fin 2010, les prières de rue de musulmans à l'Occupation nazie.

Marine Le Pen, dont le parti vient d'atteindre un niveau record lors d'élections régionales (près de 30 % de votants), était jugée pour la première fois pour «provocation à la discrimination, à la violence ou à la haine envers un groupe de personnes à raison de leur appartenance à une religion».

Mme Le Pen avait évoqué les prières de rues de musulmans dans certains quartiers faute de mosquées suffisamment grandes pour les accueillir, en lançant : «je suis désolé, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s'il s'agit de parler d'Occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça, c'est une occupation du territoire».

«C'est une occupation de pans du territoire, des quartiers, dans lesquels la loi religieuse s'applique, c'est une occupation. Certes, il n'y a pas de blindés, pas de soldats, mais c'est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants», avait ajouté la présidente du parti d'extrême droite, qui s'exprimait lors d'une réunion publique.

Quatre associations antiracistes avaient porté plainte.

Marine Le Pen encourait un an de prison et 45 000 euros (environ 68 000 $) d'amende. Mais lors du procès le procureur avait requis la relaxe, estimant que «Mme Le Pen, en dénonçant ces prières dans l'espace public, imputables non à l'ensemble de la communauté musulmane, mais à une minorité, n'a fait qu'exercer sa liberté d'expression».

Ce procès, très médiatisé, s'était tenu six semaines avant les élections régionales, la prévenue accusant alors le gouvernement d'être responsable des poursuites. Ce scrutin a été marqué par une poussée sans précédent du vote en faveur du parti d'extrême droite, qui n'est cependant parvenu à gagner aucune région.

Déjà poursuivie en diffamation, Marine Le Pen n'avait encore jamais comparu pour provocation à la haine, contrairement à son père Jean-Marie, fondateur du parti, condamné plusieurs fois en particulier pour avoir dit que les chambres à gaz étaient un «détail» de l'Histoire.

Jean-Marie Le Pen a été exclu du FN par sa fille pour ses dérapages à répétition.