Un Lord britannique, empêtré depuis dimanche dans un scandale provoqué par la diffusion d'images le montrant consommer de la cocaïne avec des prostituées, a démissionné mardi de la Chambre des Lords pour préserver l'institution dont le fonctionnement est régulièrement critiqué.

John Sewel, ancien sous-secrétaire d'État à l'Écosse de Tony Blair, a commencé par quitter, dimanche, ses fonctions de président adjoint de la Chambre des Lords qui lui valaient une rémunération annuelle de 82 000 livres (près de 165 000 $) après la diffusion par le Sun d'une vidéo le montrant à moitié nu en train de prendre de la cocaïne étalée sur la poitrine d'une prostituée.

On voit également cet homme marié âgé de 69 ans discuter avec deux prostituées et notamment qualifier le premier ministre conservateur David Cameron de «premier ministre le plus superficiel et le plus futile qu'il ait jamais eu».

Accablé de toutes parts et invité à se retirer de la chambre haute du Parlement britannique par de nombreuses personnalités politiques, John Sewel a tenté d'éteindre la polémique en demandant lundi soir un «congé sans solde exceptionnel».

Il comptait s'absenter le temps de l'enquête diligentée par Scotland Yard qui a perquisitionné dans la nuit de lundi à mardi à son appartement, situé à proximité du Parlement.

Mais, empêtré dans le scandale alimenté par la publication lundi et mardi de nouvelles photos par le Sun, le quotidien le plus vendu du Royaume-Uni, l'Écossais a fini par annoncer sa démission.

«J'ai écrit aujourd'hui au greffier du Parlement pour mettre un terme à ma qualité de membre de la Chambre des Lords», a-t-il indiqué dans un communiqué, jugeant pouvoir «mieux servir la Chambre en la quittant».

Nommé par la reine, John Sewel était l'un des membres à vie de la Chambre des Lords qui compte 783 membres, dont des Lords à vie, des membres héréditaires issus de la noblesse et du clergé de l'Église d'Angleterre.

L'institution a perdu du pouvoir au fil des ans et joue aujourd'hui un rôle nettement moins important que la chambre basse du Parlement, la Chambre des Communes, dont les membres sont élus tous les cinq ans.

«Lord Coke»

Face à l'indignation soulevée, John Sewel courait le risque de devenir le premier Lord à être exclu du Parlement, selon les nouvelles règles qu'il avait lui-même contribué à introduire. Auparavant, seule la reine pouvait démettre un Lord.

«J'espère que ma décision va (...) aider à réparer les dommages que j'ai causés à une institution qui me tient à coeur», a déclaré celui que le Sun a rebaptisé «Lord Coke».

La Baronne Tina Stowell, qui est à la tête de la Chambre des Lords, a salué sa démission.

«Pour que la Chambre des Lords mérite la confiance du public, nous devons tous respecter les privilèges qui découlent du fait d'être Lord et reconnaître que - parce que nous ne sommes pas élus - il est particulièrement important que nous respections les règles que le public est en droit d'attendre et que nous agissions promptement quand nous échouons» à le faire, a fait valoir cette ministre chargée des relations avec la Chambre.

Mardi, plusieurs journaux britanniques ainsi que des personnalités politiques comme le nouveau chef du Parti libéral-démocrate Tim Farron ont vu dans cette affaire le signal qu'il était temps de réformer la Chambre des Lords.

Pour le Times, la Chambre des Lords est «boursouflée» et devrait voir le nombre de ses membres réduit. Il dénonce aussi «une Chambre non élue avec des pratiques ésotériques et une moyenne d'âge de 70 ans».

Mais David Cameron, en déplacement en Asie, a écarté mardi tout changement majeur au sein de la chambre haute, affirmant qu'il n'y avait «pas de raisons de repartir une nouvelle fois sur cette voie».

Il s'apprête au contraire à nommer une série de nouveaux Lords afin d'y disposer d'une majorité en sa faveur.

Depuis 2009, dix membres ont été provisoirement suspendus, le plus souvent pour avoir abusé des remboursements de frais alloués. Certains ont également été piégés par des journalistes auxquels ils ont dit être prêts à faire du lobbying pour des entreprises privées.