Plusieurs dizaines d'anarchistes ont occupé pendant neuf heures dimanche le siège du parti de gauche radicale au pouvoir, Syriza, en soutien à une grève de la faim de prisonniers, avant de quitter les lieux vers 18h00, a-t-on appris de source policière.

Aucun membre de Syriza n'a été retenu à l'intérieur lors de cette action. Syriza a ensuite déclaré considérer cette occupation comme «incompréhensible», étant donné les positions politiques du parti sur ces questions.

À 19h00, une correspondante de l'AFP a constaté que tout était calme, que les banderoles déployées pendant l'occupation avaient été ôtées, et que le gardien du bâtiment avait pu revenir à sa place. Quelques policiers étaient présents, l'un d'eux indiquant que les manifestants n'avaient commis aucun dégât.

Une cinquantaine de personnes avaient fait irruption au siège de Syriza, dans le centre d'Athènes, en milieu d'après-midi, alors qu'une dizaine de personnes s'y trouvaient, forçant celles-ci à quitter le bâtiment.

«Je donnais dans mon bureau ma première interview officielle à une radio», a témoigné à l'AFP la nouvelle porte-parole du parti, Rania Svigou. «J'ai fermé la porte pour ne pas être dérangée. Puis j'ai entendu des coups et des cris», a décrit Mme Svigou.

«J'ai fini l'interview, je suis sortie pour voir ce qui se passait, et ils nous ont dit de nous en aller», a-t-elle déclaré, assurant que les permanents du parti n'avaient pas souhaité appeler la police.

Syriza a en effet critiqué à de nombreuses reprises la répression policière des émeutes anti-austérité des années passées.

Les anarchistes ont déployé des banderoles sur les balcons du bâtiment, appelant à la fermeture des très controversées prisons de type C, où sont enfermés les plus grands criminels du pays et les prisonniers coupables d'actes terroristes.

Plusieurs de ces prisonniers, en particulier des membres du groupe activiste du 17 Novembre, observent une grève de la faim depuis le 2 mars pour protester contre leurs conditions de détention et réclamer l'abolition de ces prisons hautement sécurisées.

Les anarchistes, comme ils l'ont expliqué dimanche sur le site Indymedia, réclamaient aussi la libération de membres d'un autre groupe, «Conspiration des Cellules de feu», et la libération de Savvas Xiros, l'artificier du groupe du 17 novembre, qui est en mauvaise santé.

«Aujourd'hui, c'est notre tour de combattre et de gagner. Il est temps de réduire les peines d'une durée scandaleuse, d'assurer des permissions obligatoires, et que la durée des peines ne dépasse pas douze ans», ont indiqué les anarchistes sur Indymedia.

Ils demandaient aussi, notamment, l'abaissement de 18 à 12 mois de la durée maximum de la détention provisoire, et la possibilité de parloirs permettant les relations sexuelles.

Selon une source à Syriza, les anarchistes ont pu pénétrer dans le bureau d'Alexis Tsipras, l'ancien dirigeant de Syriza devenu Premier ministre après la victoire de son parti aux élections législatives du 25 janvier.

Syriza a publié après les faits un communiqué jugeant «cette occupation symbolique de notre bâtiment incompréhensible d'un point de vue politique». Syriza, remarque le texte, «s'est battu depuis des années pour les droits des prisonniers», et a été «dès la première heure opposé à la monstruosité des prisons de type C», qu'il a «promis d'abolir dès que possible».