Les critiques fusaient vendredi, en particulier en Allemagne et au Royaume-Uni, après des déclarations du pape François estimant qu'un père pouvait donner une fessée à son enfant pour le punir.

«Un bon père sait attendre et pardonner mais aussi corriger avec fermeté. Il n'est ni faible, ni laxiste, ni sentimental», avait déclaré le pape lors de son audience générale mercredi au Vatican, consacrée au rôle du père dans la famille.

Sortant comme souvent du texte préparé, il avait ajouté: «Une fois dans une réunion, j'ai entendu un père déclarer: "je dois parfois frapper un peu mes enfants. Mais jamais sur le visage pour ne pas les humilier". Cela, c'est beau, il a le sens de la dignité. Il doit punir, et le fait de manière juste».

Passée quasi-inaperçue en Italie, la remarque a été vivement critiquée plus au nord.

«Il n'existe aucun coup contre les enfants qui soit digne. Il faut être clair. Toute violence contre des enfants est totalement inacceptable», a ainsi répliqué la ministre allemande de la Famille Manuela Schwesig (SPD, centre-gauche) dans le quotidien Die Welt à paraître samedi.

L'association Aide allemande à l'enfance a appelé le pontife argentin à corriger au plus vite son erreur: «Ce pape est particulièrement humain mais tout homme peut se tromper. En affirmant qu'il est normal de frapper (un enfant) si cela se fait dans la dignité, il se fourvoie totalement».

Peter Saunders, fondateur d'une association britannique anti-pédophilie et membre de la nouvelle commission vaticane de protection de l'enfance, a déclaré au Daily Telegraph que cette déclaration était «très malvenue».

«Je suis surpris qu'il l'ait faite, bien qu'il fasse parfois des gaffes», a ajouté M. Saunders, qui était vendredi à Rome vendredi la première réunion plénière de la commission.

Le pape François a une conception assez traditionnelle de la famille et de l'éducation, alliant douceur et fermeté. Il s'en prend régulièrement aux pères-dictateurs, mais aussi à ceux qui se comportent en copains de leurs enfants.

Et loin des discours formels et calibrés de ses prédécesseurs, le pontife argentin est coutumier des digressions souvent très imagées. Évoquant en janvier les limites à la liberté d'expression, il avait ainsi menacé de frapper quiconque parlerait mal de sa mère.