Entre 11 000 manifestants selon la police et 45 000 selon les organisateurs, ont défilé lors d'une «marche pour la vie» dimanche à Paris contre la «menace de l'euthanasie» en France, quelques jours après un débat parlementaire sur ce sujet sensible.

«Ce n'est pas à nous de décider qui doit vivre ou mourir», expliquait Isabelle, ancienne infirmière venue défiler en famille. Cette marche traditionnellement dédiée à la dénonciation de l'avortement avait choisi pour sa 10e édition de s'élever contre «la légalisation de gestes euthanasiques», après un débat mercredi sur la fin de vie à l'Assemblée nationale.

Parmi les manifestants figurait la mère d'un tétraplégique français en état végétatif, au coeur d'un feuilleton judiciaire dont a été saisie la Cour européenne des droits de l'Homme. Victime d'un grave accident de la route en 2008, Vincent Lambert souffre de lésions cérébrales irréversibles et son état n'a cessé de se dégrader, mais si son épouse souhaite le «laisser partir», ses parents, catholiques traditionalistes, s'y opposent.

Le débat parlementaire de mercredi était une première étape avant l'examen en mars d'un projet de loi qui prévoit d'autoriser une «sédation profonde et continue» jusqu'au décès pour certains malades incurables.

Le président socialiste François Hollande, qui avait promis avant son élection en 2012 un droit à «une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité», avance prudemment sur les sujets de société depuis la légalisation en 2013 du mariage homosexuel, contesté par une partie de la droite. Sur la fin de vie, le pouvoir socialiste espère trouver un consensus avec l'opposition.

Mercredi, plusieurs centaines de manifestants anti-euthanasie s'étaient aussi rassemblés dans plusieurs villes de France et à Paris.

L'euthanasie n'est formellement légale en Europe que dans trois pays (Pays-Bas, Belgique, Luxembourg). La Suisse a elle légalisé le suicide assisté (la personne prend elle-même la dose mortelle).